The Lanskies - Romeo
Que se passe-t-il en nous quand on décide d'aimer un morceau de musique ? Quel processus auditif, hormonal, intellectuel se met chez nous en branle pour valider une chanson plutôt qu'une autre ? Suis-je conditionné par mon environnement ? Puis-je m'extraire d'une culture, d'une bibliothèque musicale forgée sur de années ? Et surtout, pourquoi, mais enfin, pourquoi la bombarde ?
Toutes ces questions me viennent parfois tard le soir, alors que j'essaye d'en découdre à nouveau avec la première page de La gavotte pour les nuls. Rassurez-vous, loin de moi l'intention de convoquer ici Bourdieu ou Pierre Lemarquis. J'aimerais simplement, avec vous, interroger ce moment où quelque chose en nous dit : tu aimeras cette chanson.
Je prendrais pour objet d'étude le morceau Romeo par The Lanskies. C'est le single extrait d'un e.p du même nom, sorti fin 2011. Essayons d'analyser ensemble les raisons qui peuvent pousser un auditeur comme moi à chanter à tue-tête, sous la douche ou en contre-teuf d'un festival interceltique, l'imparable "Well i feel just like Romeo, sitting on the floor, and i'm reading again..." ?
- J'ai été envoûté par la pochette de l'album. En l'occurence, non, puisque que celle-ci me fait irrésistiblement penser aux meilleures productions des visuels pour Calgon.
- Je suis normand, comme, en partie, The Lanskies. En l'occurence non, puisque si vous avez été un tant soit peu attentifs depuis le début, je suis breton.
- J'aime la profondeur à la fois poétique sensible et métaphysique des paroles. Ben non. Là, non.
- Je suis soufflé par l'incroyable originalité de la chanson. Non, toujours pas. Tout le monde aura remarqué les nombreuses similitudes d'un morceau comme Romeo avec le style des Cure. D'ailleurs j'en ai profité pour me replonger avec plaisir dans Boys don't cry, le temps de cette chronique. Et je confime que l'élève ne dépasse pas le maître. Du tout.
- Je bénéficie du financement occulte de la municipalité de Caen, des Vieilles Charrues, des Inrockuptibles, qui ont tous les trois contribué à la médiatisation du groupe. Ben merde, dans ce cas, je me suis bien fait avoir.
- En matière de musique, J'ai des goûts de chiottes. Ah oui peut-être. Mais vous seriez gonflés de ne me le confier que maintenant.
Bon, je crois qu'il faut se rendre à l'évidence : il est possible d'aimer, malgré tout ça, une chanson simplement pour sa mélodie, son ambiance, sa bonne humeur, pour son efficacité qui ne prétend rien de plus que de vous faire passer un agréable moment, loin du chant plaintif d'un biniou agonisant sur les dernières mesures d'un récital d'Alan Stivell.
Dès lors, opération réussie pour la bande à Lewis Evans. Je crois que Romeo est une bonne façon de passer l'hiver en s'imaginant pouvoir danser en t-shirt dans la rue à 22h00. Oui. Et l'idée vaut même lors d'un fest-noz à Lorient. C'est dire.
En lien, le sympathique clip de Romeo, et le morceau dans la playlist Grooveshark.
Bon week end à tous !