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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 16:52

Treme-Soundtrack.jpg

 

Treme O.S.T (Various artists)

 

En marge des séries américaines produites au kilo et qui abreuvent les écrans de TF1, M6, et consorts, il existe une poignée de propositions ambitieuses qui fait le bonheur de (télé)spectateurs curieux en quête de scénarios plus complexes, plus exigeants. La série Treme fait assurément partie de cette deuxième catégorie.

 

Attention, "complexes et ambitieux" ne veut pas dire chiants comme la pluie (et en tant que breton, je sais de quoi je parle). Simplement cette série, créée par David Simon et Eric Overmyer, partage avec The Wire (des mêmes auteurs) la volonté de proposer un récit dense, ultraréaliste, et somme toute déstabilisant pour tous ceux qui attendent en priorité d'un épisode qu'il lui offre son lot de sensations fortes et de péripéties à la minute. La force d'une série comme The Wire était au contraire de prendre son temps, de flirter parfois avec la monotonie de la vie  pour mieux développer ses personnages, les situations, pour accorder à chaque scène le soin du détail, lui conférant alors une épaisseur inédite dans l'histoire de la série télevisée. Il faut saluer une chaîne comme HBO qui a su donner à The Wire le temps de s'épanouir pour parvenir à un résultat magistral. Patience qui est un suprême luxe dans une industrie soumise à la logique de la rentabilité immédiate.

 

Pari identique pour Treme : Nous quittons les bas quartiers de Baltimore pour rencontrer une Nouvelle Orléans au sortir de la catastrophe Katrina, et la série nous propose de suivre le parcours des résidents de Tremé, dans leur quête pour vivre ou survivre malgré tout, malgré l'ouragan et ses conséquences économiques. Ici pas de pathos, pas d'effets soulignés, comme a pu nous y habituer ailleurs le cinéma américain. Treme est une série véritablement humaniste, souvent drôle et tendre, qui prend le temps d'être au plus proche de ces gens qui ont décidé de rester vivre là bas. Simon et Overmyer ont à nouveau relevé le défi d'un récit sans effet de manche, où le réalisme prime sur le sensationnel.


Pour être tout à fait honnête, ce qui me conduit à vous parler de Treme aujourd'hui n'est pas seulement la grande qualité d'écriture des épisodes. Mais Nouvelle Orléans oblige, la bande originale est à tomber. Là où The Wire distillait un hip-hop de circonstance, Treme offre la possibilité d'une relecture de la musique néo-orléanaise, passée ou actuelle. 

 

C'est ce que j'aime dans les séries d'HBO. Ce soin tout particulier accordé à la bande son. Parce que la musique associée à l'image, quand l'une trouve l'autre, est une expérience intense, mémorable. Pour prendre d'autres exemples issues de séries tout aussi ambitieuses, je garde un souvenir très précis du You can't always get what you want des Stones sur le dernier épisode de la première saison de Californication, du For once in my life de Stevie Wonder dans un épisode d'Entourage, et surtout du sublime Shadarobah de Roy Orbison comme conclusion de la non moins sublime deuxième saison de Mad Men. Autant de séries qui ont comme point commun avec Treme d'offrir un récit de qualité, qui parle à l'intellligence du spectateur.

 

Il y aurait beaucoup de morceaux à mettre en avant dans cette bande originale . On peut y entendre du jazz, du big Band, de la soul, musiques qui, de façon souvent anachronique, dramatisent et rendent sensible la détresse ou l'espoir des victimes de la Nouvelle Orléans. Et c'est une suite de morceaux que l'on peut écouter sans même avoir vu une seule seconde de la série. La qualité des artistes convoqués (entre autres : Steve Earle, McCoy Tiner (ancien partenaire de Coltrane), Elvis Costello, excusez du peu...) justifie à elle seule la démarche, en ce début de week end, de vouloir s'asseoir un verre de vin à la main, dans un canapé moelleux, pour écouter calmement le son de la Nouvelle Orléans.

 

Et si je dois confesser une belle découverte musicale que je dois au premier épisode de Treme, c'est le Buona Sera de Louis Prima. Cela fait partie des moments où j'ai pu me dire : pourquoi n'ai-je pas connu ce terrible morceau avant ?

 

Alors, pour vous faire partager cet émoi qui je l'espère vous convaincra autant que moi, voici l'extrait vidéo du Buona Sera issu de Treme, ainsi que le morceau en lecture seule via Deezer.

 

Bon week end !

 

 

 

 

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commentaires

M
Je taquinais un peu. :-p<br /> Merci pour tes articles toujours riches et divers, qui occasionnent de belles découvertes. Bon verre apéritif au we!
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J
<br /> <br /> Merci !<br /> <br /> <br /> <br />
M
Tout de même, Johann, Louis Prima!!!! ;-) LE générique HBO, c'est True Blood (j'assume!) même si l'utilisation de la silhouette à la Robert Longo dans Mad Men est juste parfaite.
Répondre
J
<br /> <br /> Je n'ai pas dit que je ne connaissais pas Louis Prima. Mais je ne connaissais pas Buona Sera... Et je n'ai dit que c'était que le générique, si ? <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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