Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 23:00

julien-tinc3a9.jpg

 

 

Julien Tiné  

 

(D.J)

 

Il aura fallu attendre ce cinquième rendez-vous pour accueillir un breton sur Euphonies.  N'importe quel mélomane trainant ses guêtres dans les bars-concert ou les festivals (Panoramas, La Route du Rock, Art Rock, Les Trans...) a forcément croisé la route de Julien Tiné et de ses sets inventifs, explorateurs, pointus mais généreux. Qu'il ensoleille l'apéro des campeurs à St Malo ou veille à la juste couleur sonore de vos soirées, le DJ, proche de la chanteuse Yelle (autre figure du cru), fait partie des visages familiers de la nuit bretonne. On le retrouve aussi dans des projets diurnes, insolites (mix pour les piscines de Morlaix ou Lannion) ou expérimentaux (les Transats Contemplatifs à la Passerelle de St Brieuc). Bref vous l'aurez compris, là où il y a des oreilles curieuses et avides de de découvertes, il y a une chance de voir débarquer Julien Tiné et ses platines. 

 

Vous pouvez écouter certaines de ses créations sur sa page Soundcloud, avant de le retrouver live au festival 360 degrès à La Passerelle (St Brieuc) tous les soirs du 25 au 28 mars.

 

Entre deux enchainements, il a eu la gentillesse de répondre à ces dix questions :

 

 

 

1° Peux-tu nous exposer en quelques mots ton rapport à la musique ?


C'est d'abord une passion qui m'accompagne tous les jours depuis bien longtemps. C'est également devenu mon métier et un vrai plaisir que de découvrir et partager la musique que j'apprécie.


2° Si tu devais isoler un album qui t'a marqué à vie ?


Prince - Around the world in a day

 

 

 

 

Talk Talk - Laughing stock

 

 


 

 

Beastie Boys - Check your head

 

 

 

 

Steve Reich - Music for 18 musicians

 

 


 


The Cure - Seventeen seconds

 

 

 

 

3° L'album qui ne quitte pas ta platine en ce moment ? Pourquoi ?


En ce moment, je me replonge dans Miles Davis, période 1969 - 1972 et surtout l'album "In A Silent Way"

 

 

 

 


4° Une rencontre marquante avec un artiste ?

 

 Pas de réponse, pas de rencontre suffisamment marquante pour Julien.

 



5° La chanson qui te met en joie ?


Talking heads - This must be the place

 

 

 

 


6° La chanson qui te fout le bourdon ?


Leo Ferré - Avec le temps

 

 

 

 

7° Ta chanson honteuse ?


Jackie Quartz - Juste une mise au point (mais je n'ai pas vraiment honte de l'aimer)

 

 

 

 


8° Un concert mémorable ?


Prince, Fugazi, Beastie boys, Steve Reich, Sunn O))), Galliano, Juan Rozoff.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9° L'album que tout le monde aime et toi, définitivement tu n'y arrives pas ?


J'aime pas Jay-Z en général et il fait souvent l'unanimité

 

 

 

 


10° L'album que tu attends avec impatience ?


  Metronomy (l'album Love Letters, sorti entre temps...), Little Dragon, Young Marco, Trans Am


 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 19:34

 

Josephine-Foster---Im-a-Dreamer-COVER_hi.jpg

 

 

Josephine Foster - I'm a Dreamer

 

 

L’harmonie en musique signifie l’osmose entre deux sons, c’est à dire une sensation agréable à l’oreille due à la correspondance de deux notes jouées à l’unisson.  Par extension, la vie offre aussi des moments harmonieux, où tout semble concorder dans une belle vibration : une belle lumière, une chaleur douce et un verre de blanc. Le froid dehors, la nuit aussi, mais la bûche qui craque, et un verre de blanc. Dehors le crachin, au petit matin, mais depuis la couette et un…bouquin chouette. Il y a mille occasions de savourer ces petites symétries tranquilles, où tout semble carillonner de concert.

 

Rares cependant sont les moments où la première écoute d’un album nous convainc d’une belle synesthésie chère à Charlie (à répéter dix fois très vite). Et quand cela arrive, l’oreille se dresse, siffle l’autre, et intime à tout le corps le branle-bas d’accord : la détente des muscles, la respiration ralentie, le palpitant au repos. Assonances et allitérations ont trouvé leur équivalent sonore,  l’œuvre se love à l’orée de l’ouïe. Plus de doutes, plus de pluie d’août, les chansons fédèrent au son clair d’un frisson éclair.

 

I’m a Dreamer de Josephine Foster. La symphonie infinie, tout en douceur – bonheur. L’album est un parfum (rime visuelle) qui embaume l’ambiance d’une fragrance toute typée : la complainte du Bayou, écosystème complexe d’où émerge une voix oubliée, rejointe de rigoles au piano, de volutes de saloon, de ces chants polis du désespoir. Lancer le cd, le vinyle pulsatile et l’Amérique authentique s’offre à vous. Celle des complaintes délaissées qui vous saisissent dès Sugarpie I’m not the same. En dix titres, l’américaine offre une poésie légère à prendre très au sérieux. De celles qui saura emplir vos minutes d’évidence d’un supplément d’âme. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 

I'm a Dreamer :

 

l
Sugarpie I'm not the same  :
Partager cet article
Repost0
5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 10:11

 

 

 

 

Angel-Olsen-Burn-Your-Fire.jpg

 

 

Angel Olsen - Burn Your Fire For No Witness

 

On m’aurait donc menti. Mais on connaît l’adage qui veut que cette forme impersonnelle rime avec connerie universelle. Les femmes et la musique : cette vaste blague. Et pourquoi pas un homme dans une réunion Tupperware tant qu’on y est ? Il est entendu que depuis que l’homme est homme et que la femme est aux fourneaux, cette descendante d’Eve ou de Lilith n’a rien à faire dans l’ingénieuse cuisine de grands chefs au 23ème chromosome amputé. Regardez plutôt : Mozart, Bach, Presley, Lennon, Hendrix, Albarn, Yorke d’un côté. Segara, Dion, Badi, Lorie, Fabian, Zaz de l’autre. La messe est dite : le sexe faible porte bien son nom sur la gamme en Ut(erus) mineur. Seulement capable de miauler une plainte hystérique au gré de ses humeurs menstruelles. Doit-on supporter cela sous prétexte d’égalité ? Bon d’accord, Hildegarde de Bingen, Edith Piaf, Patti Smith, Janis Joplin, Joni Mitchell, P.J Harvey, Fiona Apple, Beth Gibbons, Feist, Amy Winehouse ont pu, à certains moments, s’extraire de leur névrose parturiente pour trouver par hasard la voie d’une mélodie acceptable sans doute aidées par des génies testostéronés. Mais de là à admettre qu’une femelle entrave quoi que ce soit en matière d’émotions musicales, au chapitre des accords si techniques, au rayon des caisses claires / charley, je veux bien me faire (double) pédale. Parfois, pour détourner l’attention, et atteindre à plusieurs le pouvoir d’un seul homme, elles se réunissent à trois ou quatre. Supremes, Electrelane, Savages, Warpaint, et autant d’ovaires dose. Seules Théodore Paul & Gabriel reconnaissent dès leur nom qu’en matière de succès musical, le tube est forcément phallique.

 

Puisqu’une démonstration vaut un trop long discours, je prendrais pour exemple la délicieuse Angel Olsen, américaine au charmant minois, dont la plastique me convaincrait d’être sourd au pays de trop nombreuses prétendantes : Anna Calvi, Cat Power, Lana Del Rey, Hope Sandoval, Soap & Skin. Parce qu’elle me rappelle une arnaque vieille comme le monde : faire croire qu’un deuxième album comme Burn Your fire For No Witness soit l’œuvre d’une gourgandine rebelle. Soyez raisonnable : n’entendez-vous pas le tremblement d’un Roy Orbison dans Hi-Five ? La superbe masculine d’un Strokes sur Forgiven / Forgotten ? Un telle œuvre maitrisée, incandescente, sublimée ne peut assurément être que le fruit d’un nègre compositeur, foi de Nina Simone. Il y a quelques années déjà, j’avais flairé l’arnaque avec Paula Frazer, avec laquelle Angel Olsen partage de suspectes harmonies : tant de sèche justesse, de poésie incarnée ne peuvent émaner d’un cerveau occupé par les sacs à main. Comment même imaginer qu’une épure parfaitement balisée comme Iota provienne d’un être fâché avec l’orientation ? Burn Your fire For No Witness est assurément la preuve par le mâle quand la musique est bonne. Les blagues les plus courtes étant les meilleures : Angel Olsen n’est pas une femme. Ou alors Letta M’Bulu, Courtney Love, Joan Baez, le sont aussi. On m’aurait donc menti ?  

 

Hi-Five :

 

 

 

 

Forgiven / Forgotten :

 

 

 

 

Angel Olsen sera au Divan du Monde le 26 mars pour le festival Les femmes s'en mêlent.

Partager cet article
Repost0
26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 13:41

 

 

 

cabane-spa-nuit.jpg

 

Dans ma cabane une platine # 24

 

 

"Le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie."  On s’étonnera de trouver une allusion à Levi-Strauss dans ces pages virtuelles, éphémères et dérisoires. Pourtant, quand je lis certaines critiques musicales, quand je consulte les forums, quand je lis les réponses aux mêmes critiques, quand je m’annule dans les dialogues des réseaux sociaux, souvent je pense à cette réflexion de l’anthropologue : « L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. ».

 

Qu’est-ce à dire ? Qu’il règne un sacré bordel dans le petit monde de la réception musicale ? Cela serait bien trop court et approximatif. Cependant, malaises il y a, installés pour durer. Et je vais tenter de livrer quelques pistes de réflexion, d’abord pour me convaincre moi-même qu’on peut y voir plus clair.

 

Pour cela, je passerai d’abord par mon parcours personnel : je ne suis pas né dans une famille de musiciens, encore moins d’intellectuels. Enfant j’ai longtemps ignoré qu’il existait déjà des goûts de distinction. J’ai connu l’Eden si l’on peut dire, qui consistait à sortir les caisses de vinyles de ma mère et à brancher le pick-up. Le mercredi après-midi, tout y passait au gré d’une pochette attrayante, d’un titre séduisant. C’est ainsi que j’ai découvert les Beatles, Ennio Morricone, Verdi, Cerrone. Mais aussi Annie Cordy, Stone & Charden, Daniel Guichard, Claude François. Chez moi on n’écoutait pas Brassens Brel ou Brassens. Chez moi on ne connaissait pas Led Zeppelin, King Crimson ou Pink Floyd. Peu importait puisqu’il y avait de la musique et que c’est sûrement la raison pour laquelle j’en consomme encore autant aujourd’hui. Tout était bon à prendre, un disque en valait un autre à partir du moment où j’avais plaisir à l’écouter, à le réécouter.

 

Puis vint le collège, le lycée : à chaque génération ses différences, à chaque génération le retour du même. Les mêmes castes, les mêmes moyens de se démarquer en intégrant. Métal, Reggae ici, Pop-rock, Funk là. Le jazz et la chanson française viendraient bien assez vite. L’idée bien sûr étant de dire j’existe. J’écoute donc je suis. Internet n’existait pas encore mais MTV abrutissait déjà les consciences socialement aisées de ses rotations infernales. Et aujourd’hui bon nombre des voix (légitimes) au chapitre de la critique en ligne sont ces enfants de la génération déconnectée. Ceux qui ont fait la queue devant le disquaire pour un Smiths, ceux qui ont économisé pour New Order à Liverpool en 86.

 

Les années de cette génération laissent des traces, et bavent aujourd’hui sur le nouvel ordre du monde musical, ultra connecté, ultra violent, ultra postmoderne (si ce terme a encore le sens que je lui accorde) : un monde où l’art se télécharge par paquets de bits, un monde où le disquaire est en voie de muséification, un monde où les prescripteurs professionnels deviennent une autre forme de pote chez qui on découvre une chanson sympa, un disque essentiel. Et tout à coup, c’est la panique. Pendant des décennies tout était simple, on écoutait Lenoir, on lisait les Inrocks, on allait au concert et puis on achetait. Maintenant on télécharge, on écoute plus ou moins, et parfois on complète, on confirme au mieux à coups de Magic RPM, de Mowno de Pitchfork. Le cd s’est cassé la gueule, le vinyle colmate les failles par le soutien d’une niche nébuleuse. On va encore au concert, dernière messe qui sert toujours les intérêts (avec inflation) des artistes comme des fans, dernier refuge de cette génération en manque de sacré, de distance.

 

Mais la panique vient de là : de ce grand chamboultou qui a progressivement éliminé les intermédiaires. Quand j’étais ado, avant de travailler moi-même pour un disquaire, je considérais comme un ultime privilège d’être en présence d’un représentant Sony ou BMG. Je considérais comme faveur le fait de posséder un album deux jours avant les autres. L’artiste était un être sur scène, à la TV, dans les magazines. Le disquaire, le journaliste étaient des demi-dieux parce qu’ils en étaient. Je ne pouvais découvrir que dix artistes par mois et en acheter deux. Et encore, parce que j’étais passionné. Aujourd’hui malgré les résistances, l’intervalle entre artiste et consommateur se réduit, se transforme voire se pervertit. Je peux écouter et virtuellement posséder en une journée ce que j’ai mis deux ans à acheter dans les années 90. On peut écrire sur le mur de François & The Atlas Moutains ou Florent Marchet, on peut contredire n’importe quelle critique avertie ou profane dans un encart de 200 caractères, on peut ouvrir une page, un blog, sa gueule sur n’importe quel artiste ou phénomène référencé par Google. Et de là vient la panique, issue de cette « situation inattendue » qui incite  « à répudier purement et simplement les formes culturelles (…) esthétiques ». Autrement dit, Internet et son corollaire, la médiatisation / consommation de masse, en reléguant les experts au rang de rois mourants, a ouvert un boulevard au tout venant des visiteurs d’un soir, voire d’une minute.

 

D’aucuns crieront au miracle d’une nouvelle démocratie. Pourquoi après tout laisser le diktat du bon goût aux journalistes, aux initiés, aux labellisés ? Quelle utopie enfin atteinte d’un monde où tout le monde peut y aller de son commentaire, où tout le monde peut prescrire à tout le monde sur tout le monde ? Après tout, comme il est entendu par certains, la musique, contrairement à la peinture ou à la littérature, n’est pas affaire de culture mais de sensibilité. Et pour pasticher Churchill, ce domaine est trop important pour le laisser aux spécialistes. Voici donc venu le temps, non pas des rires et des chants, mais de l’avis, de la sélection, du jugement pour tous. Merveilleux univers où chacun peut avoir son quart d’heure de gloire en déterrant tel ou tel flutiste inconnu, tel ou tel chanteur exotique, pour le livrer à la face du monde.

 

Bien entendu, l’utopie a son envers, et il faut accepter la nouvelle donne démocratique. Celle des sarcasmes faciles, celle des égos mal embouchés, celle des jugements à l’emporte pièce. Pour avoir fréquenté et lu bon nombre de conversations Facebook sur la question, je suis pris de vertige par la vitesse avec laquelle une horde de contempteurs du dimanche ont fait des réseaux sociaux leur nouveau terrain de nuisance. Le phénomène n’est pas nouveau mais le web a fini par niveler, souvent par le bas, la qualité d’une critique. Pourquoi prendre le temps de construire un argumentaire, quand il est si valorisant de détruire d’un mot un effort musical ? Tout cela n’aurait pas d’importance s’il ne s’agissait que de phénomènes isolés. Pour revenir au collège, quand j’écoutais Queen ou Dire Straits, il y avait toujours une voix pour me dire que je n’avais rien compris, que c’était de la merde, et me montrer le chemin de la rédemption. Qu’est-ce qu’on s’en foutait. Aujourd’hui, ce sont les mêmes, réguliers et semble-t-il no life, qui polluent nos murs blancs et bleus avec persévérance : cinq fois, dix fois par jour, ils feront entendre à qui veut bien les lire que F**** pue du cul et que Stro*** a vendu son âme au diable. Avec une telle force de rhétorique, difficile de lutter.     

 

 

Et puisqu’il n’y a plus personne aux commandes, c’est la foire d’empoigne. Un autre abondera dans son sens, un autre vouera aux gémonies celui qui, un autre en appellera au droit au divertissement sans limites, un autre fera un bon mot, un autre théorisera, un autre nuancera, et puis la conversation mourra dans les limbes d’un giga disque-dur pour mieux rebondir ailleurs, plus coriace, encore plus intransigeante. En ces temps où il y tant de pilotes dans l’avion, on est en droit de se demander qui accepte encore d’être simple passager.

 

Vous ? Moi ? J’ai lu récemment un commentaire intelligent (car oui, au milieu de ce fatras subsistent de fins commentateurs, des amuseurs célestes) qui rappelait que tout cela n’était que préoccupations égotiques d’amateurs consanguins. Et tout d’un coup, je respirais.

 

Je n’aurais pas dit mieux. Parce que, dès lors que je m’extirpe de cette bulle délétère, dès lors que je discute musique avec un collègue, un voisin, un convive, je prends la mesure de toute cette vanité, de toute cette fatuité. Un tel me confie sa récente découverte d’Antony & the Johnsons. Un tel m’avoue sa joie immodérée à l’écoute de Shaka Ponk. Un tel me demande si je connais Fleetwood Mac ou Lou Doillon. Sans en faire une raison de vivre, sans le porter comme un étendard. Certains se feraient étriper sur le net parce qu’ils frétillent au son de Get Lucky, parce qu’ils s’éclatent sur la Compagnie Créole, parce qu’ils découvrent seulement maintenant Radiohead. Parce qu’ils s’en foutent de savoir que Blurred Lines emprunte à Marvin Gaye,  parce qu’ils enchainent dans leur ipod Dominique A et Dalida, Foals et Foreigner, parce qu’ils ne savent même pas qui est Elliot Smith, Pharell Williams, Brian Eno. Parce qu’ils s’en branlent de savoir que U2 est passé de mode, que Francis Cabrel est innommable, que Woodkid divise sur la toile. Et en transposant, je leur donne bien raison : combien, parmi tous ces dictateurs du bon goût mélodique, sauraient survivre face à un spécialiste de Naim June Paik, un défenseur du déconstructivisme, un zélote de Marcel Wanders quand on ne connaît que la chaise Ikea ? En s’ouvrant un peu, on n’a de cesse de relativiser. Cela ne veut pas dire tout cautionner au risque de se perdre soi-même dans un relativisme absolu et intenable. Cela veut dire qu’un fan de Fauve a le droit de ne pas connaître Diabologum, qu’on peut aimer Michel Delpech ET Rubin Steiner, qu’on peut détester Sardou pour l’homme et s’abandonner au Connemara le temps d’une beuverie bretonne, qu’on peut ignorer le terme post-rock et adorer le générique des Revenants. La seule mission publique de tout passionné devrait se consacrer au partage éclairant. A la noble tâche de passeur : si tu aimes A connais-tu B ? Sans retour sur investissement ni discrimination vaine. Rassurez-vous, moi aussi je hais, conspue, déteste. Mais je ne perds pas inlassablement mon énergie à vouloir convaincre les autres.

 

Oui, le barbare c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie. Celui qui croit qu’en dehors de son goût, de son éducation musicale point de salut. Ce n’est pas une question de divertissement vs culture. C’est une question intime de hasard et curiosité, de rencontres avec des chansons faites pour les nerfs, des albums pour l’âme. Quand je libère une tension sur les Gipsy Kings, quand je larmoie sur Nick Drake, quand je m’éprends du dernier Kanye West, je n’attends jamais des autres qu’ils me contredisent. J’attends simplement une parole qui me dise : tiens, et ça, tu connais ?  

 

depardon_turin.jpgRaymond Depardon - San Clemente - 1979

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 19:15

st-lo-room-415.jpg

 

St Lô - Room 415

 

 

Mazette quelle claque ! Room 415 de St Lô. Ou comment sortir un album décomplexé, brut de décoffrage et à la fois subtilement produit. Explications :

 

Mai 2013 : harassé par une première soirée à Art Rock (qui vient d’ailleurs d’annoncer une partie de sa programmation de 2014) , je décide quand même de donner sa chance à St Lô que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam (ça veut dire que je ne les connais pas du tout) malgré la fatigue et les trop nombreux verres de Cacolac. Je pénètre dans un Forum bondé en pensant à tout ce que je pourrais être en train de faire au même moment : m’asseoir, me reposer d’une verveine, dormir. Ne plus sentir ces jambes endolories par une station debout trop prolongée. Même l’idée de manger un filet de Perche aux fines herbes devant Plus belle la vie me paraissait une meilleure idée que de trainer mes guêtres au milieu d’un parterre d’ivrognes goguenards sentant bon la miction festivalière et la sueur aigre, plus quelques trentenaires sobres de leur inanité essentielle faisant le pied de grue devant la scène pour ne pas déstabiliser l’équilibre fragile de leurs Wayfarer d’hipsters. Mais qu’est ce que je faisais là moi encore, si ce n’est prolonger d’un concert une soirée belle comme un jour sans pluie ? Profitant d’une étreinte charnelle sur fond d’épuisement, je me délestais tendrement de la moitié de mon poids ensommeillé sur les épaules de ma belle en envisageant de faire une sieste ni vue ni connue. Mystifiée par l’odeur enivrante de ma naturelle fragrance, elle ne verrait peut-être pas d’inconvénient à ce qu’elle me serve de couche le temps d’un concert.

 

Puis déboule  Hanifah Walidah, ex-voix du mythique Brooklyn Funk Essentials entourée de son duo de djs du cru. Même pas le temps d’entrer en veilleuse paradoxale que la panthère  arpente la scène de long en large, comme s’il n’était pas deux heures du mat’ et qu’on pouvait envisager de faire un footing dans la foulée. Véritable électron libre, elle remplit l’espace du Forum en deux minutes, d’un charisme chamanique survolté, générant une onde de choc qu’on peut encore aujourd’hui ressentir sur les côtes irrégulières du littoral breton. Pendant plus d’une heure, St Lô déglingue tout, me faisant même oublier que j’avais mal au corps quelque minutes avant. On pense au meilleur de Skunk Anansie, à la rage et l’électricité des débuts de Gossip, à l’implacable messe d’un Tricky sous EPO. Et au sortir du concert, on sait enfin pourquoi on va se coucher. 

 

Le 10 mars sort Room 415 qui parvient à restituer l’énergie sombre de leurs prestations, sur des gospels chaotiques et inquiétants (My Bottle), sur des rythmiques vicieuses et serpentines, au tempo lourd et poisseux d’un zombie engagé dans sa dernière parade (Flight & Fantasy, Reach)). L’album est concis (8 titres seulement) mais sait varier les ambiances. Attention hein cependant, ne pas s’attendre au tilili régressif d’une pop prépubère : le groupe envoie du lourd, du plombé, un blues-électro hanté et tendu. Et nul doute que la danse de St-Lô renverra celle de St Guy aux niaises gesticulations télétubbiques avec un titre comme Down Fall The Last Star. Et même lorsqu’il s’agit de reprendre le traditionnel folk In the Pines (popularisé par Nirvana entre autres) le trio se pose là, insufflant au standard le désespoir d’un cri primal de fin de siècle, celui des grandes villes technoïdes où l’on trémule la tête en arrière, saoulé de basses, d’alcool, de vie.

 

Un grand disque de ce début d’année. A suivre en concert et écouter sur leur Bandcamp.

 

In The Pines aux Transmusicales de Rennes (2012)



 

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 13:15

theodorepaulgabriel.jpg

 

Théodore, Paul & Gabriel - Théâtre de l'Arche - 15 février 2014

 

 

Théodore Paul et Gabriel sont vraiment des chics types. Je le savais depuis notre première (brève) rencontre aux Transmusicales de Rennes. Et hier soir à Tréguier, j’ai pu confirmer tout le bien que je pensais d’eux. D’elles.

 

Le rendez-vous est fixé à 18h00 pour l’interview après les balances. C’est le deuxième concert pour Louise, nouvelle recrue à la basse, mais tout le monde a l’air détendu. Si la décence m’interdit de reporter la teneur des vannes qui fusent, je reconnais dans cette ambiance un je ne sais quoi de familier : on se sent très vite comme à la maison chez Théodore Paul et Gabriel, et avant même de poser les premières questions on a envie d’échanger sur plein de sujets qui ne sont pas écrits sur mon calepin : la pluie, l’appropriation d’un briquet, la Bretagne.

 

 

1° Connaissez-vous la Bretagne ? Avez-vous des souvenirs dans le coin ?

 

C’est l’une des régions où on a le plus tourné. Le Vauban à Brest, Morlaix, les Bars en Trans à Rennes qui nous a laissé un super souvenir… Et ce soir Tréguier ! (Pauline rajoute qu’elle a fait du camping à Quiberon et je lui ai promis d’en témoigner ici-même)

 

The Silent Veil est sorti en 2011, Please her, Please him en 2012. Comment s’est passée la promo et les concerts qui ont suivi ?

 

Très bien. La promo on s’en passerait bien parfois. Mais on a pas mal tourné en France comme à l’étranger (Allemagne, Angleterre (au Half-moon club), Belgique, Suisse, Turquie pour cinq dates… On y a d’ailleurs appris que le concept du rappel n’était pas universel… On avait prévu un morceau pour le coup, bon tant pis…

 

Avez-vous perçu d’autres différences en jouant en dehors de l’hexagone ? 

 

Pas vraiment. D’un soir à l’autre, il y a autant de différences entre Lyon et Paris qu’entre Paris et Berlin. Ca dépend pas d’une ville, plutôt d’une ambiance.

 

 

3° La théorie du genre gronde en ce moment dans les écoles.  Vous qui avez su jouer de votre féminité tout en proposant une musique universelle, vous en pensez quoi ? Vous conseillerez aux filles de se lancer dans le monde de la musique ?

 

Théodore Paul et Gabriel, c’est pas anodin. Etude sur le genre d'accord, mais cette "théorie du genre" (instrumentalisée pour faire peur dans les écoles maternelles, sujet de polémique actuelle (ndlr)) on trouve ça complètement con. On ne peut pas forcer quelqu’un à être autre chose, du coup faut arrêter le délire que faire porter une robe à un garçon va changer la donne. Ca marche pas comme ça. Après c’est un acte libertaire. On est très sensibles à cette question : c'est très important pour nous parce que le fait d'encourager les gens à vivre leur féminité et leur masculinité comme ils l'entendent, en allant parfois à l'encontre de certains stéréotypes sociaux, fait complètement écho à notre concept de Théodore, Paul & Gabriel.

 

(Louise intervient) : quand on est une femme et qu’on joue dans un groupe, il y a une suspicion d’incompétence. Des maladresses, on veut nous aider tout le temps.

 

Benjamin, (l’homme batteur) se manifeste : ça me pèse !

 

Clémence ironise: bon par contre si notre affiche fait venir du monde au physique, ça peut être un avantage !

 

musique-0050.JPGClémence, Pauline, Louise quelques minutes avant le concert

(©JB)

 

 

 

Please her, please him a selon moi cette grande qualité de ne pas compter de morceaux faibles, ce qui est de plus en plus rare.  Comment avez-vous envisagé la construction de l’album ?

 

 

Merci… Pas vraiment de concept. Ce premier album était l’occasion de graver sur disque cinq ans d’influences, d’envie. Le seul concept, c’était de proposer un album Folk-Pop en 2012.

 

5° Comment vous situez-vous par rapport à la scène francophone ? Que pensez-vous des phénomènes Daft Punk, Fauve, Stromae ?

 

On se concentre sur l’écriture, la mélodie, la composition. On a envie de chanter en anglais, même si l’anglais est partout. C’est un parti-pris. Pas du tout l’idée de cacher un vide de sens. On assume. Après un groupe comme Fauve, c’est clivant. (au sein même du groupe) Stromae l’album est très bon. Et les réactions hystériques sur les réseaux sociaux, c’est très francais. Une forme de jalousie, et puis une suspicion de médiocrité parce que c’est francais. Pour nous, si les gens sont heureux quand ils nous écoutent, c’est l’essentiel.

 

6° Peut-on espérer un nouvel album de Théodore, Paul & Gabriel en 2014 ? Quelle direction prenez-vous ?

 

Non, plutôt 2015. Notre premier album était l’occasion de canaliser beaucoup d’ignorances, d’envies. Là, on cherche un son plus live, composé sur la route.

 

 

C’est le moment où je propose un blind test, histoire de parler musique et connivences :

 

Desire – Anna Calvi

 

 

 


 


 

 

  

(Pauline trouve en quatre secondes) Anna Calvi !!! Elle est fascinante. On a ouvert pour elle au festival des Inrocks en 2012. Quelle puissance ! Un vrai univers.

 

Love is to die - Warpaint

 

 


 


 

 

Pauline toujours, au bout de dix secondes : Warpaint !!! Chez nous c’est un groupe qui divise (Louise n’a effectivement pas l’air emballé)

 

The Greatest - Cat Power

 

 


 


 

 

Encore Pauline : Cat Power ! J’aime ce côté revival. Très beau morceau.

 

Becoming a Jackal –Villagers (évidemment je fais exprès, je sais qu’elles sont fans)

 

 


 

 

 

 

Encore et toujours Pauline (qui gagne haut la main le concours du blindtest) : Ah Conor !! Incroyable. Ce talent d’écriture. Clémence rajoute : il écrit des textes denses, ciselés. (Elle en jouera un morceau dans les loges avant de monter sur scène).

 

Me & Bobby mc Gee – Janis Joplin

 

 


 


 

 

Clémence : j’ai écouté ce titre un milliard de fois. Si on reprend Mercedes Benz en concert, c'est parce qu'elle nous laisse une liberté d’interprétation. On se l’est appropriée. Ce côté ironique, distancié sur le texte. Par contre Me & Bobby mc Gee, c’est juste indépassable.

 

I’ve seen that face – Beatles (ou comment ouvrir un boulevard à Clémence, grande fan devant l’éternel des Beatles, qui connaît jusqu’au morceau le plus obscur, expérience à l’appui…)

 

 


 

 

 

 

Elles chantent en cœur le morceau. J’improvise un blind-test dans le blind test. 5/5. On ferme la page avec For no one

 

Le temps de l’amour – Françoise Hardy (morceau repris par Théodore, Paul & Gabriel)

 

 


 

 

 

A faire un choix de reprise en francais, c’était celle ci. Pour le texte. 20 ans d’insouciance. Et ce côté précurseur d’un son anglais.

 


 

 

Il est 19h45. Dans une heure et quart, Théodore, Paul et Gabriel montent sur scène.

 

  musique-0095.jpg

 

Pour un très beau concert. La salle est pleine, enchantée de (re)découvrir la générosité de ces trois nanas + 1. Clémence n'a besoin que d'un clignement de paupière pour envouter l'auditoire. Pauline rend possible la délicatesse mélodique de la soirée. Et Louise semble être là depuis le début de l'histoire, équilibrant de sa présence l'harmonie de ce concert.  il, elles sont heureux sur scène et ça se sent.  Résultat, le set balance entre confessions sauvages et explosions intimes. Les tubes de Please her, Please him, (Mystical melodies, Slow Sunday, le renversant Chasing the sea...) une reprise de Softcell (Tainted Love), de vrais moments de poésie et de grâce : au final, un public conquis à l’issue de la soirée. Elles terminent le concert par un nouveau morceau excellent, entrainant, séduisant.  De quoi donner hâte de retrouver le groupe en 2015…

 

 

 

Mercedes Benz en live sur Euphonies très vite !!!

 


 

 

 Je profite de cet article pour remercier Clémence, Pauline, Louise, Benjamin, pour leur gentillesse et leur disponibilité, ainsi que toute l'équipe. Et un grand merci à Jean-Marc Rauscher, le directeur de la salle de l'Arche, d'avoir organisé cette belle rencontre musicale. 

Partager cet article
Repost0
11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 18:27

 

 

Vincent Pedretti

 

Artiste, batteur dans le groupe Aline

 

Vincent-Pedretti.jpg

 

Après un directeur de com', un journaliste, une disquaire, il était temps de donner la parole à un... musicien ! Autant dire que je suis heureux que Vincent Pedretti, force rythmique des Aline, ait accepté de se plier à ce jeu des dix questions. Pour ceux qui auraient vécu dans un profond marécage botswannais en 2013, Aline est le nouveau souffle d'une chanson en français, imprégnée de références internationales (Smiths, la clique de Sarah Records (Field Mice, The Wake...), Motorama...) et qui a bousculé tous les tops de fin d'année 2013 avec son inépuisable Regarde le Ciel, porté au pinacle par Magic, Les Inrocks et...Euphonies.


Vincent rejoint en 2009 Dondolo, un projet déjà mené par Romain Guerret, chanteur des Aline, et confirme au sein du groupe son talent de batteur déjà éprouvé dans d'autres formations. Ce sera ensuite l'épisode réformé des Young Michelin pour déboucher l'année dernière sur un album jouissif qui ne donne qu'une seule envie : savoir comment les garçons vont orienter leur deuxième opus et proposer des successeurs aux incontournables Je bois et puis je danse, Elle m'oubliera...


Véritable passionné de la question musicale (et cinématographique), Vincent est un garçon discret mais généreux, qui par exemple offre chaque jour une référence chaudement recommandable sur Spotify. Il a accepté de se plier au jeu des dix questions d'Euphonies. Voici ses réponses, sincères et instructives :

 

 

1° Peux-tu nous exposer en quelques mots ton rapport à la musique ?


En quelques mots, c’est difficile, mais je vais essayer… Disons que je pense notre rapport à la musique indissociable de notre rapport à la vie en général, que l’on soit musicien ou non. Personnellement et comme ça a été le cas pour pas mal de gens que je connais, dont Romain (mon chanteur) que je paraphraserai en disant : c’est ce qui nous permet de ne pas nous immoler par le feu à certains moments de la vie. Ca me fait penser à une analogie que fait souvent Romain d’ailleurs et sur laquelle il rejoint un autre artiste admirable, Elvin Jones (le batteur de Coltrane, (ndlr)), que je trouve tellement vraie et absolument fascinante et selon laquelle on peut percevoir la musique comme des images ou des couleurs. Pour Elvin, les bas seraient pourpre, les toms rouge et jaune, le charleston serait l’intérieur de notre corps, les battements du cœur, la caisse claire un couple mal assorti de couleurs pastels, les cymbales seraient comme des éclaboussures dans l’eau, bleues et vertes. Romain utilise les mêmes parallèles en parlant de mélodies. Beaucoup de gens ne verront peut être jamais le trésor que recèle la fin de cet arc-en-ciel mais néanmoins, je partage pleinement cette idée que, ce que l’on joue/écoute a une valeur immense et que cela nous guide, dans la vie, vers quelque chose de beau et de durable. Enfin j’espère…


2° Si tu devais isoler un album qui t'a marqué à vie ?


Alors, si je devais en isoler un, chose extrêmement difficile vu qu’en musique c’est l’inconnu en permanence comme dirait Christian Vander (batteur au sein de Magma et ami d'Elvin Jones (ndlr)… ce serait « Led Zeppelin » premier du nom. J’ai tout simplement été bercé à ça quand j’ai commencé à jouer.

 

 


 

 

 


3° L'album qui ne quitte pas ta platine en ce moment ? Pourquoi ?


Bon, là je triche. Il y en a deux en fait en ce moment et je n’arrive pas à choisir alors… Le premier, « Trompe Le Monde » des Pixies. Comme le dit Romain, c’est un album qui s’écoute à fond ! Ce à quoi j’ajouterai, pour repartir sur mes analogies, « Alec Eiffel » à tombeaux ouverts, sur une longue route déserte, la nuit, la mer en contrebas et un virage au moment où rentrent les synthés…

 

 


 

 

Le deuxième, « Parklife » de Blur. Mais je ne peux pas encore te dire pourquoi, je le garde pour moi tant que l’avenir est incertain. Tout ce que je peux dire, c’est que pour c’est moi un des albums les plus créatifs et marquants de la Britpop.

 

 


 

 

 

 



4° Une rencontre marquante avec un artiste ?


J’ai moi aussi un tempérament assez réservé, alors même si j’ai eu l’occasion de croiser quelques artistes que j’apprécie, j’ai souvent peur de pas savoir quoi dire… Mais indirectement (je triche encore), une rencontre que je peux qualifier de marquante s’est faite par le biais du cinéma. Un très bon ami à moi m’a emmené voir « Let’s Get Lost » alors que j’étais encore étudiant en Cinéma. Ce magnifique film de Bruce Weber m’a mis face au romantisme déchu de Chet Baker, à sa passion « jusqu’au boutiste » pour la musique, l’amour, les femmes. Il y a ce syndrome d’autodestruction chez beaucoup de musiciens de génie qui me fascine et m’effraie à la fois. Et Chet résume bien des choses dans sa version de « You Don’t Know What Love Is ».

 

 


 

 

 


5° La chanson qui te met en joie ?


« Inbetween Days » des Cure. La rythmique de la guitare me rend dingue. Le genre de morceau qui te fait sauter du lit le matin ou qui te donne envie de danser en gesticulant dans tous les sens comme un pantin.

 

 


 

 

 


6° La chanson qui te fout le bourdon ?


« Weekend à Rome » d’Etienne Daho. Forcément lié à une histoire d’amour perdu… comme dans la chanson de Chet.

 

 


 

(Pas le clip officiel, vous l'aurez compris, mais le niveau sonore du clip officiel était décevant sur You Tube)


7° Ta chanson honteuse ?


Il y en tellement, haha. Je dirais… « New Kid In Town » des Eagles. C’est mon côté cowboy.

 

 


 

 

 


8° Un concert mémorable ?


Pete Doherty aux Eurockéennes de Belfort en 2009, je m’en rappelle, premier festival pour moi avec mes frangins. J’ai choisi particulièrement celui-là parce que je me souviens avoir été subjugué par la capacité qu’avait ce type à capter les milliers de gens qui étaient présents, seul sur scène avec son chapeau, sa guitare, un ampli, quelques canettes de bière posées à côté et de temps en temps l’intervention de deux danseuses en ballerines.

 

 

 

 

 

 

 


 

9° L'album que tout le monde aime et toi, définitivement tu n'y arrives pas ?


Par rapport à cette question, je me suis demandé comment certifier qu’une grande majorité de gens aiment un album et donc par curiosité, je suis allée voir les meilleures ventes d’albums sur internet. Dans la liste des 40 millions d'exemplaires vendus et plus, il y avait l’album « Millennium » des Backstreet Boys sorti en 1999. Je suis désolé mais bon… il n’y a rien de beau, ni de durable là-dedans.

 

 


 

 

 


10° L'album que tu attends avec impatience ?


Pour dire la vérité, l’album pour lequel je brule d’impatience, c’est bien évidemment le deuxième album que l’on va enregistrer avec Aline. Mais c’est plus dans le sens où il me tarde de concrétiser toutes ces nouvelles chansons sur lesquelles on travaille en ce moment que de l’ego-trip.


Sinon, pour pas finir sur cette note quelque peu nombriliste, je suis pas sûr de ce que j’avance mais y a pas The Horrors qui sont sensé sortir un album cette année ? Ce même ami qui m’a emmené voir « Let’s Get Lost » m’avait fait découvrir ce groupe par ce morceau incroyable qu’est « Sea Within A Sea », avec cette montée finale… et le clip, génial.

 

 


 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 19:00

 

anna-aaron.jpg

 

Anna Aaron - Neuro

 

En rentrant chez moi ce soir, j’ai découvert dans ma boite aux lettres un énième cd promo. Vous savez, nous, les chroniqueurs de l’actualité sommes envahis par les propositions musicales, nos greniers débordent d’offres qui ont échoué là faute d’oreille bienveillante. Parfois cela vire au harcèlement et depuis janvier je me suis vu obligé de mettre sur la pile d’attente le dernier Warpaint, Mogwai, Breton. Sont gentils, mais le temps que je dégoupille, que je peaufine un bel article inspiré et percutant, je me suis déjà fait doublé par GQ et Picsou Magasine. Vous vous rendez pas compte vous, heureux consommateurs qui économisez joyeusement vos deniers pour vous offrir le grand frisson : faire la queue dans un magasin pour vous délester de quinze euros, ou vérifier votre haut débit en créditant Itunes. Nous les bloggeurs, nous n’avons pas cette chance, que dis-je ce privilège de lire sur nos relevés bancaires : 07/02/14 : 15.99 € - Fnac-Montparnasse.

 

Une fois par exemple j’ai essayé en mettant une cagoule, d’aller acheter l’intégrale des Smiths dans un magasin de disques (pour les plus jeunes qui me lisent, c’est une sorte d’Amazon mais avec des gens en vrai). A peine franchi l’entrée que le Moz m’attendait avec trois coffrets tous dédicacés de sa patte : « Hope you enjoy ! Morissey » Vous voyez c’est chiant. Et je ne vous parle même pas des concerts : rien que ce dernier mois, j’ai dû décliner l’invit’ pour Morricone à Bercy ou Fauve au Bataclan. Des fois j’me dis : ils se rendent compte ? On se gare pas comme ça à Paris, et puis j’ai pas fini Breaking Bad moi. Je veux bien être sympa, mais bon. Faudrait qu’un jour les attachés de presse, les promoteurs web nous foutent la paix. J’en suis arrivé à un tel point que j’achète sous le manteau Stromae dans des ruelles sombres.

 

Donc quand ce soir, j’allais pour la énième fois poser le cd promo d’Anna Aaron sur le dessus de la pile, je ne sais pas ce qui m’a pris j’ai eu comme un doute : un chouette label (Discograph) un chouette visuel, et me voilà en train d’écouter Neuro sur ma nouvelle chaîne Hi-Fi (offerte gracieusement par Bose, bien entendu). Vous savez quoi ? Je crois que j’ai bien fait. A l’heure où j’écris cet article, je reconnais que même un album gratuit peut s’avérer payant. Découverte en 2011 avec Dogs in Spirit puis figurant dans la foulée sur trois titres du dernier Erik Truffaz (El tiempo de la revolucion – 2012) La bâloise Anna Aaron offre avec ce deuxième album un subtil panaché de tensions métalliques et de douceurs arrondies par l’intervalle de deux accords au piano, secondée par la voix toujours juste, pertinente de la suissesse. Les tympans fins y entendront sa comparse Sophie Hunger, des volutes de la première PJ Harvey, des réminiscences d’Agnès Obel, De Rachel Zaffira, d’An Pierlé, Zola Jesus… Certes. Peu importe. Du haut de mon piédestal qui me coûte chaque jour à devoir élire le prochain album à ouïr,  je vous préviens terriens qu’Anna Aaron, au delà d’une belle assonance, est une artiste à suivre sérieusement. Peut-être la croiserons-nous en 2014 au détour d’un grand festival (Charrues, Art Rock, Rock En Seine, Eurockéennes…) Quand vous badauds, serez chaleureusement regroupés fraternellement dans une messe à 50€ les pieds dans la boue, vous penserez alors à moi, contraint d’apprécier gratuitement la performance un verre de champ’ à la main, loin de vos bacchanales populaires. Merci pour moi. C’est pas drôle tous les jours.

 

Linda :

 

 


 

 

Ah au fait, l'album sort le 11 mars. Délai nécessaire à nos privilèges.


Partager cet article
Repost0
2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 18:49

mutual-benefit.jpg

 

Mutual Benefit - Love's Crushing diamond (E.P)

 

Ca commence comme une chute où l’on vous prend par la main. Comme le bâillement d’instruments qui se réveillent doucement, qui se cherchent, s’harmonisent. Puis une voix fragile, délicate, se pelotonne juste à temps dans ce petit torrent qui s’ouvre. Strong River pose les bases d’un univers rétro propice à l’hibernation ou au réveil  (tout dépend de quel côté on dort) puis un réveil doré (Golden Wake) que n’aurait pas renié Youth Lagoon. Quand on entend parfois la débauche d’effets débouchant sur un pet de nonne, la surenchère qui cache un vide abyssal, on remercie Mutual Benefit d’offrir à nos oreilles une cure de mélodies limpides, d’harmonies évidentes de grâce.

 

 Mené d’une main de dentellière par Jordan Lee, Love’s Crushing Diamond fait parfois penser aux jolis bricolages de Beach House, à cette qualité commune de sucrer les notes sans verser dans le sirupeux. On pense aussi (sur Statue of a man en particulier) au talent d’écriture des grands espaces intimes d’un Radical Face. En fait si les accointances sont multiples (Owen Pallet, King Creosote, Elliot Smith, excusez du peu…) Mutual Benefit avec seulement sept titres se hisse au panthéon de tous ces ciseleurs de chansons aériennes, de ceux qui ont compris et fait leur ce credo simple mais si difficile à atteindre : Less is More. Et Love’s Crushing Diamond pourrait en être la définition. Sublime et émouvante.

 

 Golden Wake :

 

 


 


Partager cet article
Repost0
30 janvier 2014 4 30 /01 /janvier /2014 12:24

perche-450x299.jpg

 

En estos dias inciertos...

 

En ces heures sombres de notre passage sur terre, quand tout semble quitter le sillon de la logique, quand tout ce qui tombe n’est pas sous le sens, vient l’envie d’écouter des chansons. Quand certains doivent casser leur PEL pour peanuts, quand d’autres dépensent des fortunes pour une cahouète bio, vient l’idée d’entendre des bluettes. Quand le sentiment de lire Le Gorafi partout et Libération nulle part nous étreint, quand je rêve de Daft Punk sur un scooter rejoignant le cirque d’un humoriste quenelleur, quand le monde comme il va avance au rythme d’un ministère des démarches ridicules, vient l’envie de se réfugier sous les draps d’une mélodie. Quand il ne fait pas beau en Ukraine, en Lybie, en Espagne, quand le pavé parisien est souillé d’argumentaires aussi solides qu’un essai de Ribéry, quand semble revenir le spectre d’un catéchisme antédiluvien ou d’un Islam inculte, je m’inquiète en fa en sol. Quand enfin, certains confondent goûts et carcans, idées et lois, quand il devient plus important d’afficher une photo de verrine que de la goûter, je hurle en soli saturés.

 

N’y a t-il rien d’obscène à sortir le métronome quand tout semble désaccordé ? Quelle étrange religion que celle d’une messe personnelle où Nick Cave remplace le confessionnal, où Marvin Gaye prêche pour notre désert, où il est possible d’oublier les bretelles d’Arcade Fire ? Et si finalement l’hostie faisait 33 ou 45 tours ? Et si Mark Everett, Nina Simone, Bill Callahan devenaient nos nouveaux prêtres ? N’en déplaise à Platon, je rêve d’un Florent Marchet ministre de la culture, d’un Damon Albarn aux affaires étrangères, d’un James Murphy président. Et puisque nous n’y comprenons rien, feignons d’en être les organisateurs.

 

Kaya-music-print-publicite.jpg

 


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Euphonies
  • : Musiques surtout, d'hier et d'aujourd'hui. Au gré des envies et des découvertes.
  • Contact

Playlist Le Bout du Monde

Recherche

Dans ma cabane une platine

Ebuzzing

http://labs.ebuzzing.fr

En boucles d'oreilles

1. Scott Matthews - Unlearned

2. Har Mar Superstar - Bye, bye 17

3. Junip - Junip

4. Nick Cave & The Bad Seeds - Push the sky away

5. Aline - Regarde le ciel

6. Fauve - e.p

7. Bumpkin Island - ten thousand nights

8. Hot Chip - In Our Heads

9.Bertand Belin - Parcs

10.Stromae - Racine Carrée

Et pour quelques titres de plus...

Suivez-moi sur Spotify

Extension du domaine...

Paperblog