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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 18:13

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Nick Cave & The Bad Seeds - Live From KCRW

 

Il y a quelques jours, j’ai commandé sur internet le dernier album live de Nick Cave & The Bad Seeds : KCRW Sessions, après le sublimissime Push The Sky Away sorti en début d'année.  Le facteur laisse hier matin un avis de passage dans ma boîte aux lettres parce que bon, s’enquérir de ma présence à cette heure là en montant 18 marches d’escalier (oui, oui j’ai compté) faut pas non plus croire au Père Noël. Mais moi j’étais là hein, levé aux aurores pour accueillir le cadeau, le présent du divin prêcheur. Sur le papier postal, il était écrit que je pouvais retirer mon colis dès l’après midi. Prenant mon mal en patience, je me parai de mes plus beaux atours pour délivrer la galette sacrée du tout-venant encartonné dans les circuits encombrés du centre de tri pollué par les bacchanales chrétiennes de la consommation. A l’entrée, le cerbère engoncé dans une polaire siglé, après m’avoir demandé de décliner mon identité (étais-je bien le vrai fan de Nick Cave qui avait passé la commande ?) déçut toutes mes espérances en m’informant que le précieux était captif d’un réseau complexe. Nick Cave outragé, Nick Cave scanné, Nick Cave martyrisé, mais Nick Cave, je te libérerai !

 

Le lendemain, à l’heure où blanchit la campagne, je suis revenu. Vois-tu Nick, je sais que tu m’attends. J’irai par le parking, j’irai par le guichet, je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Enfin, il était là. Encore empaqueté, scellé, plastifié, mais il était là ! De retour dans ma cabane, je posais l’objet de toutes mes convoitises sur ma table comme délicatement on dépose l’hostie sur la langue d’un jeune croyant. D’abord organiser l’espace de la cérémonie. Favoriser l’harmonie Ikea, créer le Feng-Shui de l’écoute. Enlever, déplacer, nettoyer, paralléliser. S’assurer qu’aucun son parasite ne viendra entacher le premier frémissement de mon tympan. On n’imagine pas une messe donnée près d’un Lunapark ou d’un concours de tuning.

 

Alors, et seulement, procéder au strip-tease de l’élu. Dans un silence monacal, déchirer la membrane protectrice, caresser sa peau cartonnée, sentir sa fragrance vinylique puis enfin, dans une hésitation, l’ouvrir. Découvrir alors des visuels jusqu’ici cachés, de nouvelles promesses. De mes doigts purs et lavés à l’extrême-onction (oui l’heure est grave), oser prendre en main le Saint-Graal, s’assurer qu’il n’a pas de défauts, en contempler les sillons, la noirceur. Se lever alors, et de façon solennelle, l’introduire sur le plateau. Souffler sur sa surface par superstition. Ecouter le délicieux cliquetis de l’entraînement par courroie. Entendre le craquement des premières secondes et se dire que, là, oui, ça a du sens. Parce que la musique de Nick Cave est aussi hypnotique qu’un craquement de bûche sur le seul feu d’un foyer perdu dans une forêt enneigée.  

 

Après c’est l’oreille. Le point de vue. La perspective. « Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… » Après c’est Nick Cave. Je l’écoute. Plus de mots.

 

 

 


 

 

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 15:56

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Chic Gamine / Big Moneymakers / Chassol (remix Yuksek)

 

Le saviez-vous ? Au pays du petit monde de la musique, il est très facile de sauter sur une mine anti-personnelle. Vous pensiez vous adonner à un plaisir inoffensif, légitime, sans savoir qu’une fois mis le pied à l’étrier, le champ de coquelicots allait se transformer en champ de bataille. Et là c’est chacun pour sa peau : on vous jaugera aux couleurs de votre blason, de vos goûts, de votre escadrille d’adoption. Les plus vils n’hésiteront pas à pactiser avec l’ennemi pour mieux vous abattre. D’autres joueront la feinte pour mieux vous poignarder. On raconte  même que certains sont devenus fous, et errent sans but l’entonnoir sur l’oreille avec force persévérance. Ne riez pas, personne n’est à l’abri. La paranoïa guette. Saufs quelques seigneurs de guerre ont une impunité magique, parfaitement incorruptible. Pour les autres, c’est un combat de tous les jours, à coups de posts bien sentis, de références abyssales, de concessions calculées. Cela fait bientôt deux ans que je fréquente le terrain. Et si je n’en connais pas tous les recoins, toi jeune rookie, mélomane pétulant qui pense que la mélodie est reine, prends garde à toi. Permets-moi de te donner quelques conseils, si tu ne veux pas finir la tête entre deux bastos de haters tireurs d’élite.

 

  1. N’avoue jamais. Même sous la contrainte, l’humour ou l’éthylisme. N’avoue jamais que tu aimes le zouk, la country populaire ou les slows mièvres. Méfies-toi de ceux qui t’y invitent. Si doute, joue-la donnant-donnant. Je t’avoue un Céline Dion si tu me confesses un Chimène Badi. Et surtout, on n’en parle plus. Tu attendras le verset n°3 pour oser une exposition plus large.
  2. Reste connecté, informe toi. Mesure les côtes de popularité, à la radio, dans la presse et sur internet. Sois prudent avant d’aimer publiquement. Tu sais que derrière ton talus, tu peux toujours trouver le répit. Te restaurer. Mais sois vigilant : Sous ses airs de no man’s land, le dance-floor est rempli de chausse-trappes qui n’attendent de toi qu’un faux pas.    
  3. Trouve-toi des parrains, des bataillons exemplaires, des pelotons d’exception. Il en existe encore de ces noms qui imposent le respect. Sur lesquels tu pourras compter et qui au pire ne susciteront QUE de l’indifférence. Va chercher du côté du jazz, de la soul, de l’électro. La pop est beaucoup moins sécure. Deviens en une semaine le plus grand fan de Mingus, d’Hattaway, de Cut Chemist : ce sera ta carte de visite. Evite les premiers noms dans Google, sois malin : pense confidentiel, pense culte. Dans ce monde hostile, Coltrane, Redding, Shadow ne suffisent plus. Il te faut débusquer la perle rare, le soldat qui te sauvera. Alors, une fois les alliés convaincus, tu pourras te délester d’un Simon & Garfunkel ou d’un Supertramp obscur. Voire, si la sauce prend bien, d’un Genesis ou d’un U2. Fais gaffe quand même.
  4. N’avoue jamais. Même sous la contrainte, l’humour ou l’éthylisme. N’avoue jamais que tu n’aimes pas Joy Division. Ou que tu goûtes peu les Smiths. Meilleure façon de se trouver à poil désarmé sous les tirs en rafale. Joue-la comme Bonham : martèle à grands coups de grosses caisses et de charleys que ta came pour l’instant, c’est de revisiter l’œuvre du Zeppelin. Sursis garanti : reste à trouver un parachute quand tu auras sauté du conductible. Allez, Love will tears us apart, c’est quand même pas mal non ?
  5. En cas de crise : ne fais confiance qu’à toi. Reste seul. Ne parle à personne. Désactive les partages Spotify et Facebook. Ecoute la musique au casque ; l’ennemi est partout, derrière la cloison, prêt à te montrer du doigt si tu chantonnes Fauve sous la douche. Surprise connard. Méfies-toi des amis, des enceintes, des compils, celles que tu laisses trainer sur l’ampli, où y a écrit en gros « Scorpions » ou « Duran Duran ». Ne siffle plus, pas même du bout des lèvres. Jette tes cds, tes vinyles, les cassettes ferro-chrome qui trainent. Brûle tes affiches, tes idoles, ils sont là ils s’approchent ils vont le savoir que tu as gardé ton badge de Kim Wilde, allez sois raisonnable, il est encore temps de sauver la face, ne va plus aux concerts, refile tes t-shirts G’n R / Nirvana / Pearl Jam, sois fort, revends Sony et Phillips, supprime Itunes, désinscris-toi partout tout le temps. Ne laisse pas de trace. Aucune trace. Le plus simple : n’écoute plus de musique.

 

Voilà, tu es sain et sauf.

 

Tu peux maintenant, innocemment, découvrir comme au premier jour ces quelques découvertes des dernières semaines. Rassure-toi, cela reste entre nous, personne n’en saura rien :

 

Chic Gamine - Closer (forte impression aux Transmusicales de Rennes)

 

 


 

(Merci Régis !)

 

Big Money Makers - Hope it's not too soon :

 

 


 

 

Remix de Chassol par Yuksek (Oddity part II)

 

 


 

 

Bonne écoute ! (mais pas trop fort...)

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 14:13

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Dans ma cabane une platine # 21

 

Quoi ? On est déjà le 29  novembre ? Mais dans moins d'un mois c’est Noël ! Et je n’ai toujours pas écrit ma lettre au gros barbu tout rouge. Bon j’avoue que j’éprouve certaines réticences à rédiger ma demande. Je ne suis pas sûr d’avoir été bien sage tout au long de l’année. Et puis pour être honnête, Noël a musicalement le chic pour me déprimer. Entre les intégrales étirées aux forceps, les rééditions mercantiles, les haut-parleurs des rues qui crachouillent des Jingle Bells cacochymes et de Beaux Sapins naphtaléniques, y a de quoi me filer un sacré coup de bourdon hivernal.

 

Sauf ça :

 

 


 

 

 

 

Et si cependant le Père Noël était mélomane ? Et si en fait il répondait positivement à ma demande ? Allez, j’ai rien à perdre.

 

Cher Papa Noël,

 

Cette année, j’ai défendu avec passion toutes les musiques qui m’étaient agréables à l’oreille. J’ai essayé de donner du plaisir aux gens en partageant mes découvertes enthousiasmantes. D’ailleurs si tu veux je peux te faire une compil. Comme toi, j’ai une cabane retirée du monde où je cuisine chaque mois un pot-au-feu mélodique pour rendre le monde meilleur. Bon moi je n’ai pas de lutins ou de rennes pour m’aider. Tu me diras donc que je n’ai pas autant d’obligations ou de personnes à contenter. Toi tu dois satisfaire la planète entière, moi un lectorat fidèle. Mais je me disais qu’on pourrait peut-être s’associer. Si par exemple tu pouvais glisser une carte promotionnelle dans chaque cadeau au nom d’Euphonies, je te serais infiniment reconnaissant. Tu comprends, la jeune génération a besoin de repères pour s’épanouir le tympan, et je relève le défi de les convaincre qu’il y a une vie après One Direction, Vitaa ou Miley Cyrus. Voilà, dis moi ce que tu en penses.

 

Sinon, puisque je te tiens, voici ma liste de cadeaux :

 

1. Je voudrais un nouvel album de Serge Gainsbourg. Attention hein, pas des chutes de studio ou des remixes. Non, un vrai nouvel album, avec des featurings, genre Alain Bashung ou Daniel Darc. Ca aurait de la gueule.  

 

2. Je souhaiterais assister à un festival où John Coltrane, Nina Simone, Ennio Morricone, Stan Getz, Fela Kuti, Marvin Stevie et Otis seraient les têtes d’affiche. Juste pour voir ce que donnerait le bœuf de fin de soirée.

 

 

3. Et pis un autre album tiens. Qui contiendrait tous les autres. Qui aurait le groove de Maceo, la verve des Beastie, la gouaille d’Eminem. Un album à la fois minimal et symphonique, où l’on retrouverait l’incandescence de Nick Cave et le spleen d’Antony Hegarty, les feulements de Jarrett et les hi-hi de Jackson, la puissance de Led Zepp’ la folie des Flaming Lips. J’aimerais ne rien y comprendre et l’aimer instantanément. Que les textes soient profonds par leur ironie légère. Qu’il parle de soleil, d’amour, de frustration et d’hiver. Que la pochette soit belle, classe et picturale. Mais pas trop. Sinon je suis pas exigeant, tu peux choisir le nom du groupe.

 

4. Je voudrais que les gens arrêtent de confondre goûts et pertinence intellectuelle. Qu’on organise une journée mondiale du tube honteux, en remplacement de la fête de la musique, et qu’on puisse enfin assister à des bacchanales urbaines sur fond de Compagnie Créole, Britney Spears, Claude François. « On a tous quelque chose en nous de Benny B » disait je crois le philosophe Jean-Philippe Smet.

 

5. Enfin, j’aimerais, en cette année anniversaire, savoir enfin qui a tué Kennedy. Oui je sais rien à voir, mais bon c’est la magie de Noël. Comme ça ce serait réglé. Dis, tu sais toi ?

 

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Christian Vey - N&B Trompette-2013




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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 19:43

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San Fermin - San Fermin

 

Tous les ans c'est pareil : alors qu'on pense avoir fait le tour des sorties importantes, que le palmarès de fin décembre est quasiment déjà bouclé, qu'enfin on va pouvoir se consacrer à d'autres sujets trop délaissés jusque là ( scrapbooking, origami, finale du championnat d'échecs Anand/Carlsen), voilà qu'un empêcheur de glander en rond pointe le bout de son museau taurin. Son nom, San Fermin.  Et vous savez quoi ? San Fermin énerve. Pour plusieurs raisons que je vais me faire un plaisir de lister ci-dessous.

 

1. San Fermin énerve d'abord par son nom.  Après avoir passé des heures sur internet à trouver un lien logique entre un groupe de Brooklyn et les fêtes de Pampelune,  je dépose les armes. Ainsi va le monde : je propose qu'à partir d'aujourd'hui on choisisse son nom d'artiste dans un je-m'en-foutisme manifeste. Toi, jeune groupe de Death-Metal tu t'appelleras "Magellan". Toi précoce chanteur à texte, "Doliprane" sera ton nom. Toi, sauvage formation de batucada, baptise-toi "Bildungsroman". N'ayez crainte, on n'en a plus rien à foutre.


2. San Fermin énerve ensuite par sa musique. J'imagine la détresse d'une espèce en voie de disparition, le disquaire de la Fnac, transpirant et fébrile, dès lors qu'il faut ranger l'album dans une catégorie. San Fermin est à ce titre un ovni générique, qui parcourt le large spectre de la pop, depuis la ballade immédiate jusqu'aux confins de l'expérimentation sonore. D'un titre à l'autre, s'entrechoquent les  emprunts, les allusions, les références. Il y a du jazz, du progressif, de l'outrancier, du minimal, de la symphonie et de la sonate, du rock à gauche à droite, des choeurs lyriques, des progressions épiques, des villégiatures du côté de Sufjan Stevens ou Rubik pour les arrangements, un grain de voix masculin qu'on jurerait piquer à Matt Berninger de The National (mais le leader c'est le pianiste), une espèce de bordel mélodique savamment contrôlé par l'incroyable maturité d'un groupe aux multiples facettes.

 

3. Mais en définitive, San Fermin énerve surtout par son incroyable beauté, son équilibre protéiforme qui ne semble jamais calculé. L'album peut donc s'apprécier en toutes circonstances, en soirée entre amis, en slip sur une banquise, à dos de chameau, dans un studio new-yorkais, saoul sur une plateforme pétrolière, en été, en hiver, sur une planche de fakir, pour un mariage ou des obsèques, coincé dans un ascenseur avec des critiques de jazz, près d'une cheminée, d'une payotte, lors d'une Peña de Pampelune ou pendant la dictée de Pivot. Encore plus fort, des titres comme Renaissance, Sonsick, Torero, ou The Count raviront les popeux puristes, les illuminés du rock progressif, les foufous du baroque, les extrémistes du jazz expérimental, les rois de la contemplation, les agités du rock, les psychopathes du radicalisme, les néophytes du la-mineur.

 

San Fermin vient d'inventer un nouveau genre : la musique globale, tentaculaire, polyvalente. Alors oui c'est énervant. Mais cela fait vachement de bien.

 

L'irradiant Sonsick :

 

 

 

 Renaissance :

 

 


 

 

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10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 14:13

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Unknown Mortal Orchestra - II 

 

Que les dieux du Solfège Miséricordieux me pardonnent : aurais-je oublié de parler de cet album ? Dans une course effrénée après l’immédiate actualité, aurais-je commis l’outrage de zapper une grande œuvre de 2013 : II d’Unknown Mortal Orchestra ?  La consultation de mes archives est formelle : zéro mention, aucun article. Bon vous savez quoi ? On fait comme si de rien n’était.

 

Vos paupières sont lourdes. Vous vous détendez et au loin, paisiblement, parvient le son d’une musique familière, réconfortante. Alors que vous nagez dans une bulle cotonneuse où plus rien n’agresse, où vous reprenez possession de votre corps et de vos émotions, des bribes d’accords, une voix comme au lointain s’emparent de vous. Vous êtes bien. C’est d’abord une chaleur, une suite d’arpèges où le doigt glissant s’entend sur la corde. Puis le chœur divin de From the Sun. Et très vite, c’est les Beatles qui résonnent, comme si Lucy In The Sky With Diamonds voulait vraiment dire LSD, une ouverture vers les paradis artificiels. La musique d’Unknown Mortal Orchestra flotte dans l’air comme une vapeur de cigarette analogique. D’aucuns trouveront la similitude avec le Fab Four trop marquée. (Vous avez déjà oublié l’absence de chronique sur le site…) Ce serait aller vite en besogne : Dès le programmatique So good at being in trouble c’est plutôt le chaloupé d’un vieux standard soul qui embrume votre regard. Vous êtes le dernier client d’un tripot enfumé et vous ressassez ces paroles :

 

Now that you’re gone
It’s been a long lonely time
It’s a long, sad lonely time
Rolling along, I'm in a strange state of mind
It’s a strange old state of mind

 

Sans doute l’une des plus belles chansons sur le « bonheur d’être triste » comme disait Victor. (Souvenez-vous Euphonies a été le premier à en parler). Puis vous n’avez pas encore eu le temps de finir votre dernier verre que One at the time réveille d’une wah-wah toute hendrixienne la fièvre psyché qui est en vous : votre veste est en daim et vous déclamez du William S. Burroughs. Vous êtes en mon pouvoir, (Tous mes articles ont parlé d’Unknown Mortal Orchestra) et maintenant vous reposez lascifs sur un canapé en croûte de bison l’oreille anesthésiée au son de No need for a leader. Les sinusoïdes sonores de Monki  prennent le relais et vous êtes cette pochette de Love Forever changes. Vous écouterez souvent II en pensant à moi. Au clair de lune ou par une nuit sans astre. (Euphonies is watching you). Et vous m’adorerez. Parce que je suis Unknown Mortal Orchestra. Vénérez-les, vénérez-moi.

 

 

From the sun :

 

 


 

 

So good at being in trouble :

 

 


 
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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:51

 

En ce mois de novembre, Euphonies inaugure un nouveau rendez-vous à retrouver chaque mois : Dans ma cabane un invité. Le concept tombe sous le sens, bien qu'il m'ait fallu presque deux ans pour le trouver : donner la parole à un acteur de la musique actuelle, qu'il soit artiste, technicien, producteur, attaché de presse... ou tout simplement fan (qualités cumulables). Histoire de regarder la musique du côté de ceux qui s'évertuent à la diffuser, la promouvoir, la défendre par passion et convictions. Rituel immuable : petite présentation de l'invité suivi de dix questions essayant de cerner son rapport à la musique. En espérant qu'à chaque fois cela encourage le partage musical tout en faisant découvrir des professions indispensables mais parfois malheureusement méconnues.

 

 Vincent Nocrékul


Vincent.jpg

 

Directeur de la communication du Grand Mix à Tourcoing.

 

Le lien vers le site : Le grand mix


 

Le grand Mix est une salle incontournable pour les passionnés de musique dans le nord de la France et pas que : au carrefour de plusieurs frontières géographiques (Belgique, Pays-bas voire Angleterre), Tourcoing est la ville qui a su grâce au Grand Mix fidéliser une clientèle mélomane ET cosmopolite. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si Les Inrocks ont choisi cette année la salle pour leur festival le 7 et 8 novembre. Au programme : Valerie June, Jacco Gardner, These new Puritans. Vincent, responsable de la communication du Grand Mix,  a eu la gentillesse d'inaugurer cette série de rencontres sur Euphonies, et de répondre aux dix questions suivantes :

 

1° Peux-tu nous exposer en quelques mots ton rapport à la musique ?


Une passion, une partie de mon travail, et la source de pas mal d’émotions…


2° Si tu devais isoler un album qui t'a marqué à vie ?


L’Imprudence de Bashung

 

 


 

 

 


3° L'album qui ne quitte pas ta platine en ce moment ? Pourquoi ?


Son Lux –  Lanterns  parce qu’il est beau, immédiat et novateur…et parce que j’adore tout ce que fait cet artiste.

 

 


 

 

 


4° Une rencontre marquante avec un artiste ?


Bashung forcément…J’étais un peu intimidé alors je n’ai rien dit ou presque rien…et c’était très bien comme ça.

 

 


 

 

 


5° La chanson qui te met en joie ?


Man Man – Head On (Hold On to your Heart)

 

 


 


 


6° La chanson qui te fout le bourdon ?


 Smog – Rock Bottom Riser – Elle me fout le bourdon mais je l’aime bien quand même…

 

 


 

 

 


7° Ta chanson honteuse ?


Toxic de Britney Spears

 

 


 

 

 


8° Un concert mémorable ?


Bill Callahan à La Route du Rock 2009. Troublant, magnifique, magique…

 

 


 

 

 


9° L'album que tout le monde aime et toi, définitivement tu n'y arrives pas ?


London Grammar –  If you wait

 

 


 


 


10° L'album que tu attends avec impatience ?

Celui de My Brightest Diamond.

 

 


 

 

Encore merci Vincent (qui sans le savoir fait du coup figure de parrain) . Prochain rendez-vous mi-décembre avec un nouvel invité...

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:11

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Nils Frahm - Spaces

 

 

Je sais pas chez vous, mais ici à l’heure où j’écris ces lignes, il fait un temps de cochon. Enfin de cochon, quelle étrange expression puisqu’à mon avis aucune intelligence porcine ne mettrait ce soir le groin dehors. Disons plutôt que cette salope de pluie automnale a retrouvé le chemin des côtes bretonnes, aidée par son allié de toujours, le vent froid, capable de retourner un parapluie plus vite que moi de veste. Résultat, aujourd’hui c’est officiel, l’été indien c’est terminé. Je viens de remettre le chauffage, mon caban et à plus tard mes envies de sortir en tongues. Et il fallait en plus que ça tombe au même moment que l’économe changement d’heure qui accentue la tristesse de prendre son goûter à la tombée de la nuit. I’m down.

 

C’est dingue combien ce passage vers l’hiver affecte l’écoute musicale. Franchement, par ce temps digne de la naissance orageuse de Chateaubriand, vous vous voyez encore écouter de la salsa ? Danser sur Get Lucky en sarouel ? Moi j’ai plutôt envie de me pelotonner en position fœtale en écoutant Mano Solo. Voire d’hiberner six mois avec Youth Lagoon. C’est alors que Nils Frahm vient à ma rescousse.  

 

Déjà chroniqué en ces pages, le berlinois est un rockeur du piano. Au sens où depuis son premier album The Bells, romantique mais un poil académique, le virtuose n’a eu de cesse d’élargir, de travestir, de conquérir une matière délicate en noir et blanc. Piano. Oubliez les pensums digitales qui portent au pinacle le nouveau Beethov’ déjà rassis. Nils Frahm est de la trempe d’un intense Keith Jarrett, d’un homme capable de faire taire dans un souffle complice une assemblée de mélomanes. Parce qu’il n’est pas classique, il séduit le mixeur de sons d’aujourd’hui. Parce qu’il est classique, il pénètre de son frappé, de sa technique le cœur des puristes Deutsch Gramophone. Et parce qu’il n’est au final ni l’un ni l’autre, il touche au cœur de celui même qui n’a jamais goûté un récital de piano.

 

C’est ce que Spaces vous propose. Accepter le temps qu’il fait, l’humeur qu’il fait. Alors que le vent siffle dehors, l’album saura, dans la pénombre du soir, vous réconcilier avec ce nécessaire repli sous un plaid, une couette, un corps. Il saura aussi ouvrir les portes de nouvelles dimensions, sur Said and Done, réplique d’un « tube » déjà éprouvé par le pianiste sur The Bells, mais aussi avec Hammers, course poursuite des doigts sur la pensée, ou Says, magistrale leçon de minimalisme portée à son paroxysme. Spaces est un fantôme au sens où l’on se demande, recroquevillé dans le dernier pli du canapé, si ce que l’on écoute est bien réel. Dès le 18 novembre, il s’agira de vérifier cette question. Moi j’ai déjà ma petite idée.

 

 

 Nils Frahm live on KEXP :



 

 

Magique session à la blogothèque :

 

 


 
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 20:14

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Arcade Fire - Reflektor

 

 

Tous à l'abri ça va péter ! Origine de la secousse ? Reflektor, le 4ème opus des canadiens d'Arcade Fire.  Pour tous ceux qui auraient vécu les dix dernières années dans un monastère bénédictin à apprendre le point de croix, le groupe défraie la chronique depuis la sortie de Funeral en 2004. Et chaque nouvel album voit des hordes de fans sortir nus dans la rue en se flagellant de branches d'érable, des vierges torontoises s'injecter le sperme d'un jeune castor en intraveineuse, et d'innombrables hipsters s'immoler par le feu sur le tabernacle d'églises mormones (et pour cela la mèche est toute trouvée). Rares sont les groupes qui peuvent susciter autant de réactions irrationnelles à chaque création.


 Il faut reconnaître que Funeral a pris tout le monde de court en 2004. On sort à peine d'une énième révolution rock new-yorkaise que voilà déjà  le nouveau phénomène indie débarquer de Montréal, troquant le cuir pour la redingote en velours et le slim pour des bretelles retenant le futal en tweed.  A sa tête, Win Butler et Régine Chassagne, couple meneur d'une équipe à géométrie variable, et formidables concepteurs d'un album hypnotique, racé, mélangeant folk, progressif et pop, greffant du francais dans le texte au génie dans le son, proposant une musique aussi jouissive qu'un dimanche neigeux à manger du tendre caribou.

 

 Neighborhood # 1 (Tunnels)



 

Rebellion (Lies)

 

 


 

 

 


Forcément,  Neon Bible (2006)  ou The Suburbs  (2010) allaient subir l'effet post chef-d'oeuvre, victimes sacrificielles d'un bijou indépassable. Pas de mauvais albums en soi, loin de là, des titres gigantesques même, des éclair de génie (le divin Ocean of Noise, l'inarrêtable Ready to Start, l'implacable We used to wait, le poppy The Suburbs...) mais aussi des titres jugés plus faibles (Rococo pour ne citer que lui, et je m'insurge) et il n'en faut pas plus pour entendre déjà la meute animale crier au scandale, clouer au pilori la baudruche dégonflée par les gargarismes acides : Arcade Fire ne serait que le produit d'un one-shot,  un coup de jarnac savamment orchestré par des sorciers vaudous d'Hochelaga.

 

 Ocean of Noise



 

 

The Suburbs

 

 


 

 


Trois ans passent. En musique du 21ème siècle, une éternité. l'inépuisable The Suburbs continue de tourner sur nos platines, concurrencé bien sûr par l'inévitable éclat du rock qui n'en finit pas de revenir en Strokes digital ou MGMT anamorphosé. Trois ans : un pet de nonne calgarienne sur l'échelle de la vie ordinaire. Ce n'est pas qu'Arcade Fire ne nous manquait pas, c'est que le rythme s'emballait, qu'internet dictait de plus en plus une loi biblique où le groupe d'après demain chasse aujourd'hui celui de demain. Rythme fou où la hype est une couronne (d'épines) qui tombe aussi vite qu'un orme bûcheronné. Et où Arcade Fire doit composer avec une nouvelle créature hybride, produit de la fange 2.0, bête nauséabonde tapie dans l'ombre de la culture pour tous : le "hater". Petit animal parasite qui attend son heure en s'astiquant la discothèque. Inutile de dire que le Reflektor, il va se le faire. Et pas qu'un peu. L'album est une cible idéale, remplit toutes les conditions pour une lapidation à coups de châtaignes.


Il tapera forcément sur la production made in James Murphy, génie flegmatique de la comète LCD Soundsystem et qui impose ici sa patte discoïde sur des titres comme Reflektor ou We Exist. Arcade Fire aurait-il vendu son âme folk au diable de DFA Records ? Et que penser du featuring de David Bowie, sinon qu'on tient ici la preuve d'un grand complot des nantis du milieu ? Où sont passés les poèmes bruts d'Une année sans lumière ou Rebellion (Lies) ? Laissons ces grincheux se palper le dessous des gosses sous la robe de bure pour interroger vraiment ce quatrième album des canadiens.

 

Effectivement, Arcade Fire a changé de braquet, de registre : le revival 70's a cédé le pas à la machinerie 2000, l'ensemble est plus chargé, synthétique, plus control freak. Pour la faire courte, ça ne sent plus le sapin de Winnipeg, plutôt la MAO QBase. Le bon point est qu'Arcade Fire ne ressasse pas le même sirop d'un album à l'autre.  Et qu'un morceau fou, débridé comme Here comes the night time prouve que le groupe en a encore beaucoup sous la pédale. Vous entendrez encore du rock, du blues, comme dans l'excellent Normal Person.  Vos oreilles reconnaitront l'influence Loyd Cole (un revenant 2013) sur l'épique Joan of Arc. Le vice rampant  d'un tube oublié sur Porno.  En 2013, Arcade Fire mène sa barque de main de maître : l'album est déjà un incontournable, n'en déplaise aux rétifs, véritable cyclone illuminé diluant dans son épaisseur le meilleur des trente dernières années toute influence digérée : Folk, pop, rock, électro. Dansant oui, mais cérébral. Seule cette totale maîtrise prend à certains moments le pas sur l'émotion, le lâcher prise plus épuré de Funeral. Et encore que... Le choral Awful sound (Oh Eurydice) et sa suite  It's never over (Oh Orpheus) prouvent que l'influence Murphy est assimilée, réinjectée dans le chaudron magique des chantres du lyrisme progressif. Reflektor est un album impressionnant, passionnant, dont on a pas fini de faire le tour. Et mérite déjà largement de faire partie des albums qui comptent cette année. Alors comme diraient nos cousins québécois, ne babounons pas notre plaisir.

 

Prenez le temps de tout regarder, tout est dit :

 

 


 

 

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 19:00

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Dans ma cabane une platine # 20


"Le vent fera craquer les branches, la brume viendra dans sa robe blanche, y aura des feuilles partout, Couchées sur les cailloux, octobre tiendra sa revanche, le soleil sortira..."

 

Oups pardon. Vous êtes là ? A l'écoute de ce standard moustachu, je me fais la réflexion qu'il n'y a plus de saison ma pauv' dame. A l'heure où j'écris ces lignes, ma Bretagne se pâme sous 20°c à l'ombre, le café en terrasse se boit en bras de chemise et pas une feuille au sol. Francis, je suis désolé, mais c'est le réchauffement climatique qui tient sa revanche.


A moins de considérer octobre comme la revanche de la musique en 2013. De bien belles sorties, attendues, espérées ce mois-ci, et qui ne décoivent pas : Agnès Obel, Anna Calvi qui passent haut la main l'épreuve du second album. Arcade Fire aussi, qui avec Reflektor constitue l'événement marquant de cette fin de mois automnal. (La chronique pour bientôt...)


A moins aussi de considérer octobre comme un tremplin. Pour Euphonies, qui prend goût de plus en plus à l'exercice de l'interview. Mais attention hein, seulement pour les artistes sympas, disponibles, estimés. Deux exemples ce mois-ci, Aline et Rover, jouissif syncrétisme de ce que la scène française peut offrir de meilleur, dans la langue de Morrissey ou de Gainsbourg. Et c'est ce qui m'a donné l'idée d'une cabane chauvine. Pour tous ceux qui pensent encore que la France musicale c'est seulement la tournée des Enfoirés, Bénabar ou Delerm. A l'heure où sort une compil French Pop, voici un aperçu (forcément partial et incomplet) de ce que la relève hexagonale peut offrir de mieux ces dernières années. Des valeurs sûres, des valeurs montantes, des rebelles, des apatrides, des influencés, des découvertes... Polémiques ou installés, qu'on n'aille plus me dire qu'il ne se passe rien depuis Téléphone ou Noir Désir...

 

Bonne écoute de ces 50 titres, insuffisants mais qui invitent je l'espère à creuser plus loin dans le vivier français plus en forme que jamais. 

 

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 20:43

 

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ROVER - Le Carré Magique - Jeudi 17 octobre

 

Arrivé au bout d’une tournée-marathon de plus de 250 dates, c’est en Bretagne que Thimothée Régnier, alias Rover, décide de poser ses valises pour trois concerts : le vendredi 18 octobre au Manège de Lorient, le lendemain à Fouesnant au centre des Arts et Congrès, et ce jeudi 17 octobre donc, au Carré Magique de Lannion. Quand je dis poser ses valises, ce n’est pas qu’une métaphore : l’homme est un bourlingueur de première, mais il confesse aimer retrouver ce département des Côtes-,d’Armor qu’il connaît bien et qui lui a, en partie, inspiré l’écriture de ce premier album, dans l’hiver et les reliefs costarmoricains qu’il affectionne tout particulièrement. Alors forcément, le concert de ce soir est particulier, se déroulant à une dizaine de kilomètres du refuge inspirant. La boucle est bouclée en quelque sorte : l’enfant du pays revient présenter devant un Carré Magique bondé l’œuvre qu’il a composée dans la solitude du frimas gaulois et tenu à bout de bras pendant deux ans.

 

 Aqualast



 

 

20h40. Après Colin, la première partie du soir, il faut attendre encore quelques minutes pour que l’on révise, mesure, perfectionne l’acoustique du barde délicat. Et c’est sur Monologue for two que Rover fait son entrée.  Elégant et imposant, élégant et doucement charismatique.

 

Toute la première partie du set joue la corde fragile de l’album, dans une instrumentation minimale, simplement épaulée de l’impeccable Arnaud Gavini à la batterie. Jusqu’à Remember, voire Silver, on sent que Rover cherche un public qu’il aime, mais qui sans doute tout à son écoute, n’offre pas le retour chaleureux attendu, encore plongé dans les prémices d’une ambiance cotonneuse, familière. Le public breton : respectueux, attentif, mais peut-être lent au démarrage. Heureusement, la deuxième partie du set va lentement atteindre un état de communion sincère : dès le morceau Lou, Rover se lâche. Ou : dès le morceau Lou, le public se libère et Rover aussi. Et là, sans artifices ni effets de manche, tout le public entre en religion avec ce géant irradiant, généreux. Il est rare de sentir combien la réussite d’un concert tient à peu de choses, et surtout à une alchimie qui se distille lentement, comme un diesel.

 

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Un spectateur extraverti criera quelques minutes plus tard : « on est chaud ! ». Tout est dit. Rover est bien chez lui. Et c’est à un spectacle total auquel on va assister. Je découvre un artiste, déjà apprécié à Art Rock, sous une nouvelle facette. Un garçon subtil, prolixe,  maintenant libéré du concert symbolique, et qui s’étend sur des anecdotes certes hilarantes, mais dont le sel se goûte uniquement ce soir, dans la longueur, sur le fil : il me le confiera plus tard, il y a ce plaisir de se sentir chez soi, et de se sentir légitime d’en faire un peu plus. Cela dit, ce qui séduit, c’est qu’il semble toujours être sur la tangente : humain en somme. A quel moment en fait-il trop ? Ce soir là au Carré Magique, jamais.

 

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 L’osmose est là : le public comme Rover vit la dernière partie du concert en totale fusion.  Tout semble juste, d’un côté comme de l’autre. Pas de déclaration passionnelle, pas de « ROVER on t’aime ! ». Juste le sentiment partagé de vivre un beau moment de communion solennelle. Et de Aqualast à un terrible Queen of the fools épileptique, Rover prend véritablement possession des lieux, et transforme la fin de son concert en messe exaltée grâce au sublime Tonight.

 

 


 

 

 

 

 

Toujours de cette même voix aérienne, angélique, puis la seconde d’après chtonienne, terrassante. Quelle présence.

 

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Avez-vous déjà ressenti le besoin de vous lever spontanément lors d’un concert, parce que merde il se passe un truc ? Avez-vous déjà ressenti le besoin que tout le monde se lève en même temps que vous ? Sérieusement ?

C’est ce qu’il s’est passé ce soir. Parfois les Standing Ovation sont poussives, un peu obligées, elles sentent la naphtaline. Là, Rover a juste rencontré SON public. Et tout le Carré Magique, comme un seul homme, a voulu, debout, dire merci à cet immense artiste, pudique et magnétique.

 

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J’ai la chance ensuite, de poser quelques questions à Timothée, en fin de soirée. Et je confirme que l’artiste n’est pas grand que par la taille. Tant de gentillesse, et d’humilité non feinte est un cadeau réparateur pour tout chroniqueur qui attend d’interviewer l’artiste :

 

Euphonies : Depuis la sortie de l'album, tu n'as pas cessé de tourner. (L'album est sorti début 2012, puis entre autres : Art Rock, Francofolies, Vieilles Charrues... ) Que retiens-tu de ces 18 mois de tournée / promotion ?


ROVER : Une tournée très longue, plus de 250 dates. Mais un plaisir infini, une vraie rencontre avec le public, avec ses différences, la liesse du nord, un public incroyable quand j’ai joué à Tourcoing au Grand Mix avec Baxter Dury, et puis celui plus réservé, pudique comme celui de ce soir, le public breton.


E : Justement aujourd'hui tu reviens en Bretagne pour trois dates. Ce soir dans les Côtes d'Armor qui a vu naître en partie ton album. Quel est ton rapport à cette région ?


R : C’est toujours compliqué pour moi de parler de mon rapport à la Bretagne. J’aime énormément cette région, mais je ne sais pas si j’arrive à bien l’exprimer, par exemple en concert comme ce soir. Je viens ici depuis que je suis gamin, j’ai plein de souvenirs près de St Brieuc, j’ai écrit une partie de l’album à dix kilomètres d’ici… J’ai parfois dit que c’est l’endroit où je souhaiterais finir ma vie. Je me souviens d’une interview où on me posait cette question d’endroit idéal : j’avais répondu au sommet d’une montagne, avec plein d’enfants. Mais en fait non je crois que c’est ici.


E : il te reste les Monts d’Arrée…


R : Ah oui… Non mais vraiment, ici je me sens bien. C’est le seul endroit où je me dis que je peux couper mon portable, me sentir chez moi. Et c’est très précieux.  


E : Comment s’est passé le concert de ce soir pour toi ?


R : De l’appréhension au départ.  Ce public attentif mais qui ne réagit pas forcément. Pour moi ce concert était important pour le lieu, symbolique si près des terres où j’ai écrit. Il y avait de la famille dans la salle. Et puis après ça s’est décanté. Je me suis senti à ma place, et tout s’est très bien passé.


E : Depuis deux trois ans, de nombreux artistes osent à nouveau chanter en Français sur des rythmiques pop ou rock voire new wave (Aline, Lescop, Mustang, Granville...). Récemment une compil French Pop tente de cristalliser ce mouvement. Comment te positionnes-tu par rapport à cela, toi qui a fait le choix de chanter en anglais ? Ecoutes tu ces artistes ?


R : Ah oui. Je connais les Aline. Et j’aime bien ce mouvement. Mais chanter en anglais est pour moi une évidence. C’est une forme de pudeur. D’abord parce que c’est une langue que je parle naturellement, et qu’elle me permet d’aller plus loin dans ce que j’exprime. Et puis parce que je conçois la langue comme un instrument. Si tu joues de la guitare, tu vas préférer par exemple une demi-caisse. C’est pareil pour l’anglais qui s’adapte à ma musique. Phonétiquement.  Il y a des gens qui aiment ce que je dis dans mes textes sans comprendre les mots.


E : C’est assez paradoxal…


Oui mais tu vois, sur des structures comme Father I can’t explain ou Queen of the Fools, proches des ritournelles à la Dylan sans couplet ni refrain, les gens comprennent, l’ambiance, l’intention.  


E : En parlant de Dylan, on a dû beaucoup t’emmerder avec les influences sur l’album… Personnellement, j’y ai entendu du Bowie la première fois.


R : Oui on m’a beaucoup parlé au début de toutes ces influences.  J’aime beaucoup Hunky Dory de Bowie, ou Ziggy Stardust. Ca peut transparaître dans une suite d’accord ou une façon de poser la voix, inconsciemment. Après j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et d’assumer que c’était ma façon d’assimiler ces influences. Et oui j’écoute plein de classiques. Voire du classique, des cordes…


E : Prends-tu encore le temps d'écouter des nouveautés musicales ? Et si oui as tu eu un coup de coeur récemment ?


R : J’aime beaucoup le dernier Bertrand Belin. J’ai passé une soirée à discuter avec lui. J’aime sa façon de jouer avec les mots, de les poser sur la mélodie.

 

 


 

 

 


E : Le côté très ciselé ?


R : Oui tu as raison, c’est le terme. C’est ce que j’aimerais faire si je choisissais de chanter en français. Je ne pense pas qu’on qualifie ma musique d’intellectuelle. Si j’ai tenté des trucs en français, écrit anonymement pour d’autres je préfère chanter en anglais. Mais là c’est le travail sur le verbe, le jeu poétique qui m’attire chez Belin. Sinon, j’aime beaucoup le dernier MGMT. Parce qu’il m’a résisté au début, et que j’ai trouvé la réécoute intéressante.


E : Quels sont tes projets pour 2014 ?


R : Me reposer… Et puis me consacrer pleinement au deuxième album. Déjà entamé. Mais là vraiment m’y consacrer.

 

Je quitte Timothy Régnier avec l'impression d'avoir rencontré un bon copain avec qui j'aurais aimé parler musique des heures entières. N'en déplaise aux esprits chagrins : ce soir à Lannion, Rover a prouvé qu'on pouvait rester droit dans ses bottes de sept lieues tout en confirmant qu'on peut être un artiste médiatisé, inspiré, classieux. On attend vraiment le deuxième album et la tournée pour reconfirmer ce sentiment. Et nul doute qu'il viendra l'éprouver en Bretagne.

 

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© J.Bourgès

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