Tahiti 80 - Ballroom
Vous vous souvenez de ce personnage effrayant dans le Voyage de Chihiro ? Cette forme noire au masque blanc qui avalait, grossissait, se boursouflant, dépassant la satiété, repue mais avalant encore jusqu’à la limite ? Parfois, quand on recherche, écoute, engloutit de la musique, toujours en quête de nouveautés, de tubes, de L’ALBUM, on finit par devenir ce monstre à son corps défendant.
On perd alors la saveur, la joie des mélodies simples et pourtant si bien troussées. On oublie que la musique est sensuelle, organique. Qu’elle est aussi là pour vous permettre de vous sentir beau, vivant, super-héros ou dandy désinvolte. Que diffusée dans vos intimes oreillettes elle repeint, transforme, sublime votre environnement immédiat, étranger aux autres. Que propagée entre les quatre murs de ce lieu unique, elle unit les corps, rend l’alcool meilleur, déguise la morosité en pantin inoffensif. On oublie trop souvent que la musique est onde, fréquence, stimuli. Et que vous y êtes sensibles. Qu’il n’y a parfois de chef d’œuvre que dans sa capacité à illustrer l’envie, encourager la danse, panser les plaies d’un baume placebo. Faire voir la vie où les jupes sont courtes, les muscles saillants, dans une décapotable vers la plage gorgée de soleil, là où un Mojito vous attend. Faire voir la nuit comme une blague dont il faut rire, profiter avant le jour. Jour qui sera beau de toute façon.
Il faudrait savoir dire merci aux architectes de ces plaisirs essentiels. Pas des chasseurs de trophées ni des carriéristes du Bilboard. Des artisans du plaisir lumineux, injustement méconnus mais amoureux, légers, positifs. Comme des cachets magiques pour mieux digérer l’ordinaire.
Merci Tahiti 80.