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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 21:11

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Nils Frahm - Spaces

 

 

Je sais pas chez vous, mais ici à l’heure où j’écris ces lignes, il fait un temps de cochon. Enfin de cochon, quelle étrange expression puisqu’à mon avis aucune intelligence porcine ne mettrait ce soir le groin dehors. Disons plutôt que cette salope de pluie automnale a retrouvé le chemin des côtes bretonnes, aidée par son allié de toujours, le vent froid, capable de retourner un parapluie plus vite que moi de veste. Résultat, aujourd’hui c’est officiel, l’été indien c’est terminé. Je viens de remettre le chauffage, mon caban et à plus tard mes envies de sortir en tongues. Et il fallait en plus que ça tombe au même moment que l’économe changement d’heure qui accentue la tristesse de prendre son goûter à la tombée de la nuit. I’m down.

 

C’est dingue combien ce passage vers l’hiver affecte l’écoute musicale. Franchement, par ce temps digne de la naissance orageuse de Chateaubriand, vous vous voyez encore écouter de la salsa ? Danser sur Get Lucky en sarouel ? Moi j’ai plutôt envie de me pelotonner en position fœtale en écoutant Mano Solo. Voire d’hiberner six mois avec Youth Lagoon. C’est alors que Nils Frahm vient à ma rescousse.  

 

Déjà chroniqué en ces pages, le berlinois est un rockeur du piano. Au sens où depuis son premier album The Bells, romantique mais un poil académique, le virtuose n’a eu de cesse d’élargir, de travestir, de conquérir une matière délicate en noir et blanc. Piano. Oubliez les pensums digitales qui portent au pinacle le nouveau Beethov’ déjà rassis. Nils Frahm est de la trempe d’un intense Keith Jarrett, d’un homme capable de faire taire dans un souffle complice une assemblée de mélomanes. Parce qu’il n’est pas classique, il séduit le mixeur de sons d’aujourd’hui. Parce qu’il est classique, il pénètre de son frappé, de sa technique le cœur des puristes Deutsch Gramophone. Et parce qu’il n’est au final ni l’un ni l’autre, il touche au cœur de celui même qui n’a jamais goûté un récital de piano.

 

C’est ce que Spaces vous propose. Accepter le temps qu’il fait, l’humeur qu’il fait. Alors que le vent siffle dehors, l’album saura, dans la pénombre du soir, vous réconcilier avec ce nécessaire repli sous un plaid, une couette, un corps. Il saura aussi ouvrir les portes de nouvelles dimensions, sur Said and Done, réplique d’un « tube » déjà éprouvé par le pianiste sur The Bells, mais aussi avec Hammers, course poursuite des doigts sur la pensée, ou Says, magistrale leçon de minimalisme portée à son paroxysme. Spaces est un fantôme au sens où l’on se demande, recroquevillé dans le dernier pli du canapé, si ce que l’on écoute est bien réel. Dès le 18 novembre, il s’agira de vérifier cette question. Moi j’ai déjà ma petite idée.

 

 

 Nils Frahm live on KEXP :



 

 

Magique session à la blogothèque :

 

 


 
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 20:14

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Arcade Fire - Reflektor

 

 

Tous à l'abri ça va péter ! Origine de la secousse ? Reflektor, le 4ème opus des canadiens d'Arcade Fire.  Pour tous ceux qui auraient vécu les dix dernières années dans un monastère bénédictin à apprendre le point de croix, le groupe défraie la chronique depuis la sortie de Funeral en 2004. Et chaque nouvel album voit des hordes de fans sortir nus dans la rue en se flagellant de branches d'érable, des vierges torontoises s'injecter le sperme d'un jeune castor en intraveineuse, et d'innombrables hipsters s'immoler par le feu sur le tabernacle d'églises mormones (et pour cela la mèche est toute trouvée). Rares sont les groupes qui peuvent susciter autant de réactions irrationnelles à chaque création.


 Il faut reconnaître que Funeral a pris tout le monde de court en 2004. On sort à peine d'une énième révolution rock new-yorkaise que voilà déjà  le nouveau phénomène indie débarquer de Montréal, troquant le cuir pour la redingote en velours et le slim pour des bretelles retenant le futal en tweed.  A sa tête, Win Butler et Régine Chassagne, couple meneur d'une équipe à géométrie variable, et formidables concepteurs d'un album hypnotique, racé, mélangeant folk, progressif et pop, greffant du francais dans le texte au génie dans le son, proposant une musique aussi jouissive qu'un dimanche neigeux à manger du tendre caribou.

 

 Neighborhood # 1 (Tunnels)



 

Rebellion (Lies)

 

 


 

 

 


Forcément,  Neon Bible (2006)  ou The Suburbs  (2010) allaient subir l'effet post chef-d'oeuvre, victimes sacrificielles d'un bijou indépassable. Pas de mauvais albums en soi, loin de là, des titres gigantesques même, des éclair de génie (le divin Ocean of Noise, l'inarrêtable Ready to Start, l'implacable We used to wait, le poppy The Suburbs...) mais aussi des titres jugés plus faibles (Rococo pour ne citer que lui, et je m'insurge) et il n'en faut pas plus pour entendre déjà la meute animale crier au scandale, clouer au pilori la baudruche dégonflée par les gargarismes acides : Arcade Fire ne serait que le produit d'un one-shot,  un coup de jarnac savamment orchestré par des sorciers vaudous d'Hochelaga.

 

 Ocean of Noise



 

 

The Suburbs

 

 


 

 


Trois ans passent. En musique du 21ème siècle, une éternité. l'inépuisable The Suburbs continue de tourner sur nos platines, concurrencé bien sûr par l'inévitable éclat du rock qui n'en finit pas de revenir en Strokes digital ou MGMT anamorphosé. Trois ans : un pet de nonne calgarienne sur l'échelle de la vie ordinaire. Ce n'est pas qu'Arcade Fire ne nous manquait pas, c'est que le rythme s'emballait, qu'internet dictait de plus en plus une loi biblique où le groupe d'après demain chasse aujourd'hui celui de demain. Rythme fou où la hype est une couronne (d'épines) qui tombe aussi vite qu'un orme bûcheronné. Et où Arcade Fire doit composer avec une nouvelle créature hybride, produit de la fange 2.0, bête nauséabonde tapie dans l'ombre de la culture pour tous : le "hater". Petit animal parasite qui attend son heure en s'astiquant la discothèque. Inutile de dire que le Reflektor, il va se le faire. Et pas qu'un peu. L'album est une cible idéale, remplit toutes les conditions pour une lapidation à coups de châtaignes.


Il tapera forcément sur la production made in James Murphy, génie flegmatique de la comète LCD Soundsystem et qui impose ici sa patte discoïde sur des titres comme Reflektor ou We Exist. Arcade Fire aurait-il vendu son âme folk au diable de DFA Records ? Et que penser du featuring de David Bowie, sinon qu'on tient ici la preuve d'un grand complot des nantis du milieu ? Où sont passés les poèmes bruts d'Une année sans lumière ou Rebellion (Lies) ? Laissons ces grincheux se palper le dessous des gosses sous la robe de bure pour interroger vraiment ce quatrième album des canadiens.

 

Effectivement, Arcade Fire a changé de braquet, de registre : le revival 70's a cédé le pas à la machinerie 2000, l'ensemble est plus chargé, synthétique, plus control freak. Pour la faire courte, ça ne sent plus le sapin de Winnipeg, plutôt la MAO QBase. Le bon point est qu'Arcade Fire ne ressasse pas le même sirop d'un album à l'autre.  Et qu'un morceau fou, débridé comme Here comes the night time prouve que le groupe en a encore beaucoup sous la pédale. Vous entendrez encore du rock, du blues, comme dans l'excellent Normal Person.  Vos oreilles reconnaitront l'influence Loyd Cole (un revenant 2013) sur l'épique Joan of Arc. Le vice rampant  d'un tube oublié sur Porno.  En 2013, Arcade Fire mène sa barque de main de maître : l'album est déjà un incontournable, n'en déplaise aux rétifs, véritable cyclone illuminé diluant dans son épaisseur le meilleur des trente dernières années toute influence digérée : Folk, pop, rock, électro. Dansant oui, mais cérébral. Seule cette totale maîtrise prend à certains moments le pas sur l'émotion, le lâcher prise plus épuré de Funeral. Et encore que... Le choral Awful sound (Oh Eurydice) et sa suite  It's never over (Oh Orpheus) prouvent que l'influence Murphy est assimilée, réinjectée dans le chaudron magique des chantres du lyrisme progressif. Reflektor est un album impressionnant, passionnant, dont on a pas fini de faire le tour. Et mérite déjà largement de faire partie des albums qui comptent cette année. Alors comme diraient nos cousins québécois, ne babounons pas notre plaisir.

 

Prenez le temps de tout regarder, tout est dit :

 

 


 

 

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 12:53

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Deltron 3030 - Event II

 

Tiens j’avais presque fini par les oublier ceux-là. Pourtant l’intro du premier album nous avait prévenu quand Teren Jones lâchait dans un souffle « Always coming back ». Eh oui Deltron 3030 revient. Wouah, ça fait tout drôle : c’est sans doute l’album que j’ai le plus écouté en 2000. Laissez-moi vous raconter pourquoi il est si important. Pour moi. Et pour l’histoire du hip-hop.

 

Jeune mélomane mal dégrossi, j’attaquais l’université l’ego au pinacle mais le portefeuille en berne. Dans ma petite chambre d’étudiant s’entassaient les cds de Radiohead, Pulp, R.E.M. Autant de trésors dégotés au feu Virgin Megastore de la rue Le Bastard, me condamnant à manger des pâtes au beurre le reste du mois. Le soir, alors que mes Farfalle s’épanouissaient dans la casserole maternelle, je regardais pensif par la fenêtre les avions atterrir à St Jacques en écoutant Help the Aged. Pour moi il n’y avait rien de plus essentiel que la pop et le rock, qu’une chanson qui résume mon moral en berne, mon spleen au pinacle. 

 

 


 

 

 

 

Jusqu’au jour où.

 

Invité à un week-end entre amis, j’entamais un débat sur le stéréotype hip-hop et la somme de caricatures dont j’étais la victime. Vulgarité des meufs, des bagnoles, de l’ostentation. Pas de ça dans le rock. De Love me Do à Ok Computer, que de sentiments purs et d’envolées lyriques. Alex me regarda dans les yeux, le sourire au bord des lèvres. Et ça ?

 

 


 

 

 

 

Puis, dans un geste solennel il lança sur la platine Deltron 3030. Badaboum. L’OVNI. La

déterritorialisation à la Deleuze, mâtinée d’une première gorgée de bière. La claque, l’évidence. 3030. Things you can do.

 

 


 

 

 


 

Spéciale dédicace...

 

 

 

 

 Plus tard pour digérer, le salopard dégaina Endtroducing de DJ Shadow. Deux albums fondamentaux. Le génie au pinacle, les convictions en berne. Je venais de changer de braquet. La marque des doigts sur la joue.

 

 


 

 

Si j’ai beaucoup parlé dans ces pages du cas Josh Davis, je crois que Deltron 3030 mérite tout autant. Album, fou, libre, jouissif. La réunion de trois dingos. Dan the Automator, sublime producteur de Gorillaz et génialissime créateur avec cet autre taré de Mike Patton de Music to Make Love to Your Old Lady By

 

 


 

(merci Aznavour, nostalgie)

 

 


 

 


Et puis Del the Funky Homosapien, chanteur producteur, qui donne aussi de la voix sur le Clint Eastwood de Gorillaz.

 

 


 

 

 

Et Kid Koala, jeune champion du turntablism.

 

 


 

 

 

 

Dans quelques jours sort le deuxième essai de Deltron 3030. Et c’est comme si l’an 2000 était encore à nos portes. En 3030. J’ai écouté cette deuxième promesse. Dieu que c'est bon. Ce son ample, ce retour aux sources. Pas de révolution. Mais qui résistera à What is this loneliness ? (feat. Damon Albarn) ou My only love  (feat. Emily Wells)  ? Le talent au pinacle, la morosité en berne. Brillant !

 

Look across the sky : (titre vénéneux, absolument addictif)

 

 


 

 

 

City rising from the ashes (feat. Mike Patton)

 

 


 

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 21:02

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David Lemaitre - Latitude

 

On est toujours décontenancés par un chef-d’œuvre qui vous tombe sur le coin de la gueule sans prévenir. Et un chef-d’œuvre c’est un peu comme le grand amour : vous pouvez employer toute votre énergie à le trouver, le débusquer, à provoquer la rencontre, vous rentrerez souvent bredouille de cette quête. Et puis un jour, alors que vous achetez des patates à la supérette du coin le cheveu sale et la mine déconfite, alors que vous avez recouvert à la va-vite votre pudique nudité d’un vieux t-shirt waikiki et d’un bermuda mauve pour descendre faire cette course rapide, vous tombez nez-à-nez avec l’indécente incarnation de votre libido intérieure, avec des jambes et un cerveau. En musique comme en amour, ça ne prévient pas, et plusieurs réactions sont possibles :

 

1 -  L’évitement. Non pas là, pas maintenant, je suis pas prêt. Plus tard, après shampooing et after-shave.

 

2 - L’étude discrète à distance. Feindre l’indifférence. Assumer son bermuda et faire semblant de regarder ailleurs, de loin prendre des notes, compiler des informations importantes, en se promettant d’y revenir.

 

3 – L’aveu d’évidence, la résolution au coup de foudre : puisque vous êtes séduits, jetez-vous à l’eau.

 

Peut-être que la musique a cet avantage (d’une courte tête) sur l’amour de vous permettre les multiples tentatives. Mais elle partage aussi avec la rencontre amoureuse ce goût de l’immédiateté : c’était pas le lieu, le moment mais vous êtes conquis. Après tout reste à faire : dans les deux cas on peut passer de l’éblouissement radical à un épuisement rapide du sentiment. Ou on peut aimer à vie de rares fois, un disque, un être, malgré ses défauts, ses imperfections. Dans tous les cas, ni la remasterisation, ni le maquillage de quelques suppléments bonus ne changeront la donne.

 

Aujourd’hui j’ai succombé au charme de David Lemaitre. Artiste bolivien installé à Berlin, ce prétendant m’a livré un billet doux, sensible, inspiré (Magnolia (Girl with camera), The Incredible Airplane Party). Nous n’en sommes qu’au début, mais j’ai bien envie de prendre mon temps, pour apprécier tout ce qu’il a à m’offrir. Car je sens que je tiens là un chef-d’œuvre sur la longueur. Un trésor de ressources inépuisables qui déjà me rend la solitude moins vertigineuse. Demain je le relance.

 

 

Megalomania :

 


 

 

Magnolia (Girl with camera) :

 

 


 

 

 

 

 

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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 20:10

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MGMT - MGMT

 

Oyé Oyé. Quand on entreprend de créer un blog, qu’on décide de l’alimenter régulièrement, c’est entre autres pour avoir l’opportunité un jour de chroniquer un ou plusieurs artistes qui se prélassent en mode serein au plus profond de votre hypophyse, certains de leur immunité,  canonisés d’un adoubement immortel. Peu sont les élus, mais il est évident que MGMT fait partie de ceux-là. Autant vous dire qu’un troisième album annoncé du duo me mettait dès début 2013 dans tous mes états.

 

Tout a commencé avec Oracular Spectacular. Album sonique aussi fou que paradoxal, aussi génial que bancal. 22 minutes de cinq premiers morceaux parfaits, irradiants, pétant toutes les coutures d’une pop recroquevillée sur elle-même. Et puis la suite, cinq autres morceaux dispensables. Pratique pour les possesseurs de vinyle : seule la face A pouvait tourner en boucle. Et quelle face A ! Le psyché fédérateur Time to Pretend, le solaire mélancolique de The Youth, Le torturé sulfureux aux accents 70’s d’Electric Feel et sa rythmique voluptueusement salace, pour finir sur le tubesque Kids qui mettra à terre des milliards de hipsters tout surpris de se faire souffler dans la barbe par l’insolence d’une composition pleine de basses distordues, d’un clavier lancinant, d’une fougue juvénile métamorphosée en char d’assaut. Ce premier album se payait donc le luxe de réformer et libérer la pop moderne avec cinq titres sur dix. Les deux chimistes de Brooklyn, Ben Goldwasser et Andrew VanWyngaden, musicologues dévoués à la cause d’une mathématique digérée et positivement populaire, venaient de lancer un pavé nucléaire dans la mare de nos habitudes musicales. Indispendable. Inépuisable.

 

Comment poursuivre après ? Pour nous comme pour eux ? Le succès rencontré aurait pu suivre le schéma bien connu de l’assujettissement à une formule. Les deux compères ont été pressés de livrer un copié-collé des meilleures recettes d’Oracular Spectacular.  MGMT a préféré livrer un immense album malade, témoin de leurs doutes, de leur atermoiements, de leur épuisement de post-ados trop vite démantibulés par l’infinie violence d’une médiatisation pourtant si méritée. Ils accoucheront dans la douleur et les psychotropes d’un deuxième opus intitulé ironiquement Congratulations. Et si l’album ne comporte pas à proprement parler de tubes aussi immédiats que sur le premier, l’ensemble est passionnant, expérimental, beaucoup plus homogène et envoûtant que le précédent. Congratulations est une malice de sorcier boiteux, un grand tour de piste d’un artificier inspiré. Ca retient puis libère, enchante, ménage ses effets, déroule de grands collages de tout ce que la musique a amalgamé depuis trente ans. Ca pête du disco déglingué, de la pop sous lexomil-jazz, ça mélange au blender de la soul 2.0 avec du garage-rock sous champi. Et ça déballe parfois un bouquet final ébouriffant, digne des plus belles incursions mélodiques du meilleur Floyd (An Orphane Fortune pour ce dernier opus). Le laboratoire MGMT n’en est qu’au début d’une vaste exploration généreuse d’une musique pop trop souvent gangrénée par des carcans périmés. Ce deuxième album, sans doute mal aimé des hédonistes précoces, prouve qu’on ne la fait pas aux deux new-yorkais : ils préfèrent les voies de traverse aux chemins balisés du tube clé en main.

 

2013. Troisième album très attendu. Dans l’intervalle, Alt-J, Tame Impala ont assuré l’intérim. Que vaut MGMT aujourd’hui ?

 

Première impression : ceux qui attendaient un retour vers une ligne claire, un compromis de hits radio, passez votre chemin. MGMT est plus que jamais barré dans une expérience totale, charnelle, déconstruite de la pop. Oubliez couplets / refrains, pensez plutôt immersion dans un magma sonore aux mille variations, où les Beatles couchent avec Animal Collective, où une troisième ligne mélodique hantera votre pavillon incrédule lorsqu’elle disparaitra au milieu du morceau (bel exemple à 2’’40 sur Introspection ou encore pire (aaaahhhh !) au début d’I Love you, too death ). L’ai je bien entendu ?


Deuxième impression ou plutôt hypothèse : l’album en décevra plus d’un. Pas immédiat, encore plus revêche que le précédent, il est à parier que la greffe acoustique ne prendra pas chez plein de fans de la première ou deuxième heure. Et il serait prétentieux de pouvoir affirmer que c’est d’ors et déjà un chef d’œuvre. Ce que l’on peut dire au bout d’une dizaine d’écoutes est que la matière MGMT 2013 est dense, complexe, proposant de vrais bonheurs instantanés : Alien Days (qui n’aurait pas fait tâche sur Congratulations) Your life is a lie, Plenty of girls in the sea (tout un programme), mais aussi des morceaux plus foutraques, qui vont faire hésiter l’auditeur entre génie à retardement et foutage de gueule ( Astro-Mancy pour ne citer que celui-là). Seule l’envie d’une écoute prolongée nous apportera des éléments de réponse. Accordons en attendant une mention spéciale à MGMT qui depuis des années n’en fait qu’à sa tête, creusant le sillon d’une pop exploratrice, ornementée, savante (démente ?) et, il faut bien le reconnaître, souvent jouissive.

 

Retour sur les trois albums :

 

 

Et quelques clips :

 

Time to pretend :

 

 


 

Kids :

 

 


 

Flash Delirium :

 

 


 

Your life is a lie :

 

 


 


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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 21:07

 

 
 

 

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London Grammar - If you wait

 

Difficile de parler de London Grammar. Parce que comme bien souvent, l’adjectif sera creux et la référence vaine. Le trio anglais, repéré pendant l’été, est le client idéal du critique musical parce qu’on peut y aller de son rapprochement avec les XX, avec Soap & Skin, Mazzy Star, un poil de Massive Attack, un zest de St Vincent, J’en oublie sûrement.

 

Difficile de parler de London Grammar, parce que justement ce n’est pas la somme de toutes ces références. Et que plus ça va plus je me dis que comparer un artiste à un autre est aussi pertinent que d’avouer à un ami qu’il ressemble de trois quart-face au concierge de Gérard Darmon. Si jamais vous ne connaissez pas Mazzy Star ou Soap&Skin, allez-y. Mais j’ai souvent envie d’écrire pour celui qui s’en fout de la généalogie. Il suffit de déplacer le champ d’investigation pour voir ce qu’il y a de désagréable à tisser un réseau de ressemblances. On peut aimer De Palma et pas Hitchcock. Honoré sans Demy. On peut aimer Interpol et pas Joy Division. Aline sans Gamine. Etc…

 

Difficile de parler de London Grammar sans parler de l’état d’esprit dans lequel on est quand on l’écoute. Ca vaut toutes les analyses du monde. C’est un disque parfait pour appréhender l’automne avec un doggy-bag d’été dans l’oreille. Un disque parfait pour la mélancolie, pour les actes manqués. Mais aussi pour l’apesanteur qu’il révèle, les portes inconscientes de la nostalgie qu’il ouvre sur la seule puissance fragile de la voix d’Hanna Reid. Le reste on s’en fout. Ne pas l’écouter en passant l’aspirateur. L’entendre le soir. Wasting my young years, Strong, le sublime Nightcall. Sceller des dossiers, cristalliser, retenir l’introduction de Shyer.

 

If you wait est l’album sur lequel on aurait envie de vivre des choses importantes. Difficile d’en parler. C’est à vous maintenant.

 

 Strong :


 

 

Wasting my young years en live :

 

 


 

 

 

 


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28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 19:47

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Stromae - Racine Carrée


 Quand il y a quelques semaines Stromae a bluffé son monde avec  Papaoutai et le plutôt poignant Formidable, facile de flairer l’album attendu au tournant qui allait sans doute suivre le chemin balisé suivant : surmédiatisation / succès / rejet. En gros on allait bouffer du Stromae partout et surtout là : Télérama, Inrocks, Inter. Un mois après les réseaux sociaux s’étriperaient pour canoniser ou lapider le belge, ma mère me demanderait ensuite si je connais Stromao ou Trosmate, et je saurais qu’on a atteint la fin du cycle enfin. Quand ma mère me parle d’un chanteur, même Le Journal de Mickey en a déjà parlé.

 

J’ai lu les articles. Ecouté l’album. Une fois, dix fois. Et rarement me suis-je senti autant en équilibre entre enthousiasme sincère et sincère perplexité. Premier constat Stromae ne renie pas son attirance pour les gros sons qui tâchent et qui m’avaient bien séduit sur Alors on danse. Parce que le garçon réunit souvent sur un même morceau une dance efficace mais pleine de grosses ficelles et des textes qui frôlent souvent le pathos sans jamais y tomber, dans un lyrisme acide, malin et désabusé. Fallait oser quand même, marier une écriture introspective, des sujets lourds (le cancer, l’absence du père, la mysoginie) avec des boucles d’Euro-Dance que n’aurait pas renié Ace of Base. Et bien souvent ça marche : deuxième constat il y a un sens de la formule et de l'interprétation chez Stromae (éclatant sur Formidable, convaincant sur Ta Fête ou Tous les Mêmes). Mais parfois ça fait le même effet que de regarder Jacques Demy sur un smartphone. On est gêné par l’un ou par l’autre.

 

J’en appelle cependant au cul coincé des uns et / ou à l’oreille sensible des autres : il y a des chances que Stromae vous fasse grincer des dents, peut être en rythme. Et c’est sans doute aussi là sa force, qui s’éprouve dans la variété, au sens noble du terme : Stromae vient du hip-hop, de l’electro. Il a été bercé par Papa Wemba ou Los Kjarkas et revendique Brel autant que Swedish house Mafia. D’où un sens de l’éclectisme où chaque référence s’entrechoque à l'autre souvent avec bonheur et où finalement le point de convergence est à trouver dans la personnalité même de Paul Van Haver (son vrai nom) plutôt que dans un vulgaire opportunisme putassier. Il faut croire le garçon sincère et j’espère que c’est ce qui fera la différence au moment de classer Racine Carré parmi les albums les plus attachants de 2013.

 

Formidable :

 

 


 

 

Papaoutai :

 

 


 

Et puis allez je n'ai pas pu résister :

 

 


 
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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 13:11

franz-ferdinand-cover

 

Franz Ferdinand - Right Thoughts Right Words Right Action 

 

 

Quand on rentre d’un festival comme la Route du Rock, on a souvent du mal à atterrir. Suffit de trois jours à plein régime pour connaître au retour une inadaptation passagère. J’ai par exemple fait la queue ce matin devant la Mie Câline en tongues avec mon gel-douche / serviette sous le bras. J’ai montré mon accrédit’ en rentrant à la pharmacie. Dès que j’écoute un disque je bois une pinte et j’applaudis entre chaque morceau. J’ai voulu payer avec des jetons dans un bar. Bref, sevrage nécessaire.

 

Manger chaud, boire de l’eau, dormir sur un sommier. Ne plus gueuler « apéro !! » comme une outre vide à 14h00. Se laver tous les jours. Et puis réécouter de la musique, parce qu’il se trouve que le monde continue à tourner après la Route du Rock. Je l’ai compris quand j’ai demandé à mon boucher ce qu’il avait pensé de Nick Cave.

 

So what ? Les plus intoxiqués vont filer à Rock en Seine (vous aurez remarqué la propension  à placer Rock dans le nom de festivals qui accueillent du Reggae du jazz ou de la pop ?) retrouver le plaisir de faire la queue pour pisser une bière à trois euros coupée à l’eau (au gaz ?). Riche idée, vous pourrez découvrir les nouveaux missiles de Franz Ferdinand qui revient en 2013 avec Right Thoughts, Right Words, Right Action… L’album prévu pour le 26 août ne décevra pas les fans de la première heure. Toujours ce disco-rock extrêmement efficace. Pas de grande révolution mais un savoir-faire explosif qui placera ce quatrième opus dans la liste des albums à déguster cette année. Le single Love Illumination, la qualité de la production, le chant doublé dans une partouze d’hymnes fédérateurs (Stand on the horizon, Bullet) sont autant de preuves que la machine enrayée des Franz Ferdinand vient de retrouver sa superbe.

 

Love Illumination :

 

 


 

 

 

 


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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 20:08

 

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Chères lectrices, chers lecteurs,

 

Je passe de très belles vacances en Bretagne. J’ai bien essayé d’autres destinations depuis un mois et demi, mais rien ne vaut cet été d’iode et d’ajoncs. La peau tannée par un ensoleillement ravageur, j’ai bu des Tequila Sunrise sur les îles, goûté la chaleur des nuits rennaises, tangué sur des bateaux ou des planches. Senti un léger vent sur la pilosité excédentaire de ma tête échevelée. J’ai refait le monde dans des bars bien famés, regardé le soleil se coucher au travers des rayons d’un vélo. J’ai couru tout mon Co2 au bord de l’eau, senti mille parfums. Les soirs de chaleur, j’ai pêché près d’une bouteille de blanc, dansé un Bourgogne à la main.  Et quand personne ne me regardait, j’ai pissé contre le vent et dialogué avec les dauphins (je ne sais plus dans quel ordre.)

 

Quand vous lirez ces lignes, je serai en partance pour le Fort St Père. Trois jours de rock à St Malo sous un soleil radieux. Une programmation de rêve. La mer encore et toujours à portée de pieds. Des sardines en brochette, farniente face au Grand Bé. Des potes à gauche (apéro) des potes à droite (apéro), des retrouvailles les pieds dans l’herbe à coups de tomates cerises et charcuteries fines. Sentir le sel marin sur son corps quand on s’endort les pavillons riches de paroles et musiques. Fourbu mais heureux parce que ça recommence le lendemain.

 

Donc ici tout va bien. J’espère que vous passez aussi de bonnes vacances. La seule chose qui me manquait jusqu’ici, c’était la bande-son pour illustrer tout ça. Et comme tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, je viens de trouver. L’album Bye Bye 17. Merci Har Mar Superstar.  

 

 


 

 

 

 


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1 juillet 2013 1 01 /07 /juillet /2013 18:35

Scott-Matthew.jpg

 

Scott Matthew - Unlearned

 

Je sais, je l'avais juré, promis, craché sur mes disques de Marvin Gaye que je ne rechroniquerais rien avant début août. Le temps de revenir à la source de tout ce que j'aimais, d'échapper à la frénésie où un album chasse l'autre. C'était sans compter Scott Matthew et ce 28 juin. Et pour me sortir de cette torpeur, il fallait au moins un album de la trempe d'Unlearned. Subtil album de reprises aux arguments et charmes multiples.


Unlearned : désappris. Mouvement de l'être où l'on est amené à reconsidérer ses acquis, ses certitudes. A faire machine arrière. Le verbe s'applique aussi bien aux schémas qui nous construisent un temps qu'aux phares toxiques comme autant de miroirs aux alouettes qui nous détruisent longtemps. En ce sens, la sélection de Scott Matthew joue ici la carte du tendre : désillusions, résignations, chagrins d'amour. L.O.V.E, No Surprises, To Love Somebody, Love will tears us apart... Une invitation à reprendre du poil de la bête, de savoir vraiment désapprendre.


Et puis ensuite, le lien évident avec la référence, l'héritage musical quand il s'agit de reprendre un standard qui a mille fois fait ses preuves, mille fois été repris. Savoir le déconstruire, en retrouver la substantifique moelle. Combien il peut sembler casse-gueule de passer derrière Neil Young ou Nat King Cole. Très souvent Scott Matthew y parvient, et il faut saluer ce talent d'atteindre l'équilibre gracieux sans verser dans le pathétique ou le soulignement appuyé.


L'album n'est pas parfait, quelques reprises moins essentielles, mais il propose quelque chose de plus en plus rare : une approche dévouée et totalement sincère. A mille lieux de la fuite en avant où l'on reprend une valeur sûre en attendant le retour d'inspiration. Je ne saurais mieux conseiller en ce début d'été que cette prise de risque : proposer un album nocturne, réflexif, dont on savourera les finesses et promesses qu'après un bain de soleil et d'allégresse mérités.


Je retourne à ma parenthèse. Scott Matthew dans les valises.

 

 To love somebody : 



 

 

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