On avait laissé les Aline au pinacle, forts d’un succès bien mérité avec Regarde le Ciel, joyaux pop sorti il y a maintenant deux ans, temps nécessaire pour tenter d’épuiser les 12 comptines sucrés-salés, délicieusement pop et subtilement référencées. Lorsqu’on connaît un telle adhésion critique et populaire, vient toujours la sempiternelle question : et après ? Comment poursuivre en restant libre, comment marier intégrité et exploration ? Le single La Vie Electrique qui sort aujourd’hui apporte quelques éléments de réponse.
Ce qui frappe en premier lieu c’est la couleur du son, acidulée, ronde, vibrante, à l’image du visuel épileptique et flashy. Sur ce titre, Aline renoue avec le meilleur des années 80 : basse ronflante et funky, synthés sexys, paroles qui vont à l’essentiel organique, toujours faussement naïves. On quitte un peu la reverb’, la ligne claire et le riff sec d’un Maudit Garçon pour retrouver les envies de funk blanc qui ont fait les belles heures de Je bois et puis je danse. Mais là où ce dernier traduisait et se concentrait sur l’échec universel d’un romantique éconduit, la Vie Electrique se veut un hymne à l’hédonisme, à la concupiscence. Ici on loue le cul, sur fond de métaphore haute tension.
La vie électrique nous appelle / du frottement jaillira l’étincelle.
Tes seins se gonflent et se révèlent
Ton cul se pâme et se promène
Ta bouche humide se réveille
Quand je te dis du bout des lèvres…
Romain Guerret se fait lascif à chaque fin de phrase (hun, hun…) et puis vient le changement de rythme, l’accélération pour nos hanches :
Allez monte je te suis y a le jour qui se lève…
Prends bien ton temps la vue est belle…
Science de la structure, allusions franches, dialogues sulfureux. On aime aussi les Aline dans cette proposition immédiate et tendancieuse qui fait de La Vie Electrique un étendard savamment libertaire et décomplexé qui manquait à leur discographie.
Ce nouveau printemps s’annonce bien. Et en attendant le 1er juin, date de sortie de l’album, il est fort à parier que La Vie Electrique sera sur les lèvres. Sur toutes les lèvres.